African Boy

Rap / Immigré sénégalais, un temps bandit de grand chemin et aujourd'hui chanteur à voix de fausset : Akon n'avait pas toutes les cartes pour devenir une star mondiale de la chanson sucrée. Encore aujourd'hui, on a du mal à y croire. Antoine Allegre


Même s'il est né Alioune Badara Tham à Saint-Louis - Sénégal il y a une grosse vingtaine d'années, le chanteur Akon fait partie de la tribu des players, cette trempe de mec tatoué moitié rapper moitié lover au passé sulfureux, capable de susurrer des mots doux à l'oreille de la belle et, l'instant d'après, évoquer l'éventualité d'un coït fugace. La classe, la vraie. À se donner des claques à l'après-rasage. Akon est tout ça : flambeur, polygame, gentiment érotomane, fleur bleue à bon escient, fou de grosses cylindrées. Tellement féru de voitures de luxe qu'avant de devenir cette star interplanétaire de la chanson sucrée, il a baigné dans des histoires de recel un peu louches. Ce qui lui a valu un séjour prolongé à l'ombre. Derrière les barreaux, il se rend compte qu'il est capable de pousser la chansonnette et pond derechef une première maquette qui deviendra en 2004 son tube : Locked Up, extrait de son album Trouble.Trouble fête
Depuis lors, il symbolise à lui seul le principe d'omniprésence outrancière dans le business rap américain. Akon est partout, se rend indispensable au façonnage d'une bonne chanson pop, chante avec tout le monde et ses têtes de réseaux se prénomment Eminem, Snoop Dogg, Gwen Stefani, 50 Cent, Justin Timberlake, ou encore Booba. Il est impossible de passer à côté de ces refrains carotte («smack that / get on the floor / smack that / do you want more»), ses couplets sexués («grab a hottie hottie / in the back seat of your Mazaratti-ratti») et ses vers d'introspection effarouchés («I'm sorry for the wrong things that I've done / I'm sorry I'm not always there for my sons»). Akon, fils de Mor Thiam maître percussionniste africain, fait vendre des silos de disques et se pâmer des adolescentes à travers le monde. Et ceci malgré ce timbre de voix pincé, nasillard et profondément irritant. Mais voilà… Sa bouille de cousin du bled africain mélangé et ses quelques errements de mauvais garçon ont profondément touché le public afro-américain. Ses deux premiers album Trouble (2004) et Konvicted (2006) se sont vendus à près de 10 millions d'exemplaires dans le monde. Sa prochaine production Acquitted, prévu pour la fin de l'année, prend la même direction. Le chanteur se paye même un parrain de la trempe de Mickael Jackson pour son prochain single Hold Your Hand. Les deux s'étaient déjà croisés lors de la conception de l'album réédité Thriller où Akon avait passablement massacré Wanna Be Startin' Something de l'ex-pape de la pop. Visiblement pas rancunier, Bambi renvoie l'ascenseur à son poulain.Akon
À la Halle Tony Garnier
Samedi 6 septembre, à partir de 20h


<< article précédent
Dans la rue