C'est dur d'être aimé par des cons

de Daniel Leconte (Fr, 1h48) documentaire


L'histoire est connue : suite aux caricatures de Mahomet parues dans un journal danois ayant provoqué une série de manifestations dans certains pays musulmans, Charlie Hebdo décide de les publier à son tour, accompagnées d'autres dessins maison (dont une Une de Cabu donnant son titre au film). S'ensuivra un procès pour «insulte raciste» mené par l'UOIF, , la Ligue Islamique Mondiale et la Mosquée de Paris, dont l'enjeu latent sera celui de la liberté de la presse. Charlie sera relaxé et se posera en rempart républicain face à l'obscurantisme. Le film de Monsieur Themas d'arte, Daniel Leconte, se veut à son tour un témoignage pour l'histoire, compensant sa lacune évidente (on ne peut pas filmer un procès) par des entretiens sur fond noir avec les principaux témoins, les avocats (dont un Francis Szpiner plutôt marrant, malgré son mauvais rôle), l'accusé Philippe Val et les parties civiles. Le résultat est édifiant à tous les sens du terme, un peu longuet (on se serait passé des interventions très «je parle pour ne rien dire» des deux François, Hollande et Bayrou) mais ne prêche, comme souvent, que les convaincus. Par contre, le film devra vivre en salles avec son cruel hors champ : l'affaire Siné, qui a montré depuis que Charlie Hebdo n'était pas à l'abri des pressions et savait aussi se fixer des limites (conjoncturelles ?) en matière de liberté d'expression…CC


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