Toute une histoire


Théâtre / Deux ans déjà que le théâtre de l'Intervalle fait le pari de la durée et de la curiosité. Rue Royale, Jean-François Moulin et Gabriel Siliberti veulent montrer que le théâtre peut être «agissant», selon une formule de Vinaver. Il faut ici entendre le désir d'interroger le monde via des figures politiques importantes (la vie d'Anna Politovskaïa et celle d'Eva Peron seront présentées l'an prochain) plutôt que le divertissement du café-théâtre. Cette exigence conduit à interroger Richard III. Les membres de la Royal Magic Bean compagny avaient déjà travaillé sur le héros shakespearien en jouant la pièce avec ses quinze personnages mais, selon la metteur en scène Alix Denambride, cela avait été un échec. Richard III ne se laisse pas dompter si facilement. La troupe a voulu éclaircir cette histoire complexe où tous les protagonistes ont presque le même nom. Sur le plateau, une scène de crime, le contour d'un corps mort dessiné à la craie et trois enquêteurs pour dénouer le fil de ce drame et remonter dans la généalogie de la victime afin de mieux l'appréhender. La compagnie s'amuse de cet imbroglio, les personnages parlent tous en en même temps. Difficile alors parfois de comprendre où veut en venir Alix Denambride en brouillant les pistes de son enquête alors qu'elle cherche à éclaircir le récit de Richard III. «Personne n'y comprend rien depuis tout à l'heure», s'exclame un des trois comédiens aux deux tiers du spectacle ! Le but recherché n'est pas manifestement pas de faire toute la lumière sur cette histoire so british mais de déconstruire les arcanes d'une si célèbre dynastie. Nadja PobelEt mon tout est un homme
Au Théâtre de l'Intervalle, jusqu'au 24 mai.


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