Scout toujours


Musique / Un certain nombre d'anecdotes sur son CV suffiraient à rendre Scout Niblett aimable : elle a collaboré avec Bonnie ‘Prince' Billy et Steve Albini (l'homme qui a façonné le son brut et sans concession de certains Nirvana et euh… Dionysos) ; a choisi son prénom de scène (en fait elle ne s'appelle pas vraiment Scout) en hommage au personnage de ‘Ne tirez pas sur l'oiseau-moqueur', roman sudiste bien connu d'Harper Lee, intime de Truman Capote ; se réclame des princes du grunge tout en nourrissant de nombreuses comparaisons avec ses consœurs à moustache PJ Harvey et Catpower (une fille, une guitare, pas trop le moral) ; et prétend que sa vie a grandement subi l'influence de la planète Neptune (comme Françoise Hardy et Ray Domenech, elle est férue d'astrologie, jusque dans ses albums). Et pourtant sa musique, dépouillée comme le Florent Pagny moyen l'est par le fisc, parle d'elle-même. Avec un principe de crudité instrumentale dont la jeune anglaise n'a jamais dévié d'un pouce : un peu de folk neurasthénique, une effusion de colère électrique, re-folk, re-colère, et une voix de chat écorché criblé de billes en plomb plus que d'oiseau moqueur rigolant sur la branche. Un procédé aride qui ne manque pas de prendre aux tripes à l'occasion, comme sur les duos effectués avec Bonnie ‘Prince' Billy sur son dernier album en date (le prochain arrive ces jours-ci), notamment Kiss, bien plus sexy et déviant que le tube homonyme d'un certain showman à talonnettes dont le nom contient également le mot Prince. Car si cette princesse solitaire, comme la surnomment les gens de Grnd Zero, s'avance en haillons, sa musique, elle, n'est ni fade, Niblett. Stéphane DuchêneScout Niblett + Slashers + Family
Underground + Raymonde Howard
À Grnd Zero Vaise le mercredi 9 décembre.


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Terriblement réussi