Images évidées


L'artiste suisse Mathias Schmied (né en 1976, vivant dans la Drôme) nous résumait sa façon de travailler ainsi : «je passe mon temps à découper des gens avec un cutter»! Précisons tout de suite aux âmes sensibles que «les gens» en question sont, notamment, des pin-up de magazines érotiques ou des super-héros de Comics des années 1970 à nos jours. Tel un chirurgien ou un médecin légiste, l'artiste découpe et vide des bandes-dessinées, supprimant leurs figures et leur narration. Il en résulte des dessins-sculptures fragiles, esthétiques et abstraits, jouant avec les cadres, les contours des personnages, les bulles blanches de toute expression, ou encore de simples plages de couleurs... Les œuvres sont soumises à une sorte de tension permanente, toujours menacées par le vide, la disparition, le silence ou la parole bâillonnée. Et l'on hésite alors à y lire l'action d'une pulsion de mort ou celle d'une pulsion de vie : détruire pour construire autre chose, autrement, ailleurs... Ses crânes jouent de la même ambiguïté, en reprenant le thème ultra-classique de la vanité, tout en l'explorant avec la précision et la délicatesse des moyens de création de l'artiste : le papier découpé. Pour sa nouvelle exposition à la galerie Houg intitulée «Solid sound», Mathias Schmied présente encore un troisième type d'œuvres : des chutes de papier recouvertes de peinture que l'artiste découpe pour former des mots, des phrases en anglais ou en français, tels que : «Silence», «Noise», «Shut up», etc. Entre bruit et silence, vie et mort, vide et matérialité : un mince chemin de création, une crête acérée, le fil du cutter... JEDMathias Schmied, Solid sound
À la galerie Olivier Houg, jusqu'au samedi 31 juillet.


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