Le géant et le vert


Expo / Juché sur son énorme caisse en bois brut, peint en noir, un colosse nous surplombe, bras croisés, impressionnant. Il ressemble un peu aux sculptures soviétiques à l'époque du réalisme socialiste et de la doctrine Jdanov, et occupe l'espace plutôt bourgeois de la cour intérieure de la Fondation Bullukian. Son auteur, Cyrille André, a baptisé son personnage un peu inquiétant «Veilleur», laissant au visiteur toute liberté d'interprétation de sa présence et de sa fonction. Plus loin, dans les jardins, l'artiste a disposé plusieurs sculptures d'oies et un autre personnage monumental, peint en blanc cette fois-ci. «Migration rejoint les enjeux de l'actualité et les difficultés de l'émigration aujourd'hui», précise Cyrille André. Une allégorie ouverte aussi à toutes les significations possibles de l'idée de migration, et jusqu'à la migration ultime : celle de la vie vers la mort... À l'intérieur de la Fondation, un autre jeune artiste, Dominique Lucci, a dessiné au feutre de couleur sur les cimaises plusieurs dessins étranges, «mutants». Ils sont le résultat de ses errances visuelles à travers la ville pendant plusieurs jours. On y retrouve des quartiers de Lyon (Perrache, la Part Dieu, un pont sur la Saône, etc.) envahis par une végétation luxuriante, et peuplés d'animaux hybrides et vaguement monstrueux. Ces divagations urbaines, proches des univers de la bande-dessinée et de la science fiction, montrent une nature qui reprend ses droits sur le béton, avec drôlerie et un grain de folie. Jean-Emmanuel DenaveCyrille André & Dominique Lucci, « 4mains4yeux »
À la Fondation Bullukian, jusqu'au samedi 26 mars.


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