Danse avec Tanaki


Expo / Des idéogrammes japonais ? Non, des mouvements fluides et amples qui signifient le cœur, la voix et la voie, la figure, la méditation du zen ou encore l'éclipse. En choisissant d'exposer les calligraphies d'un maître en la matière, Shingai Tanaka, le Musée de l'imprimerie rend hommage à un art méconnu en France. Pourtant, Shingai Tanaka a enseigné les dernières années de sa vie (1942-2007) à Lyon où il avait créé une école de Sho («art de la calligraphie» en japonais). Outre quatre-vingt pièces du maître, le Musée expose aussi les outils nécessaires à la réalisation de ce travail qui suppose patience et concentration. Si le dessin d'une lettre est rapide et se fait en quelques minutes, la préparation est minutieuse. Le calligraphe prépare son matériel pour en faire un prolongement de sa main. Le pinceau est en poils de cheval, d'ours, de chat sauvage ou encore de mouton (la matière «magique» selon Tanaka car c'est la fibre la plus flexible de toutes). Le papier sur lequel est dessinée, souvent à même le sol, la calligraphie est immuablement de fabrication artisanale ; la pierre à encre, qui sert au broyage du bâtonnet à encre, est le plus souvent ornée d'un bas-relief. Mais c'est la préparation de l'encre qui s'avère la plus complexe. Cela peut prendre des semaines car il faut obtenir un mélange de noir de fumé (avec du bois de pin), de gélatine (avec des os de bœuf ou de cerf macérés) parfumé au musc à la prune ou au clou de girofle. Avec cette potion magique, Tanaka fait alors danser l'alphabet japonais.
Nadja Pobel


<< article précédent
Neds