Liqid & Tcheep, une histoire de bon goût


Paul Bocuse ne fut pas l'unique grand absent du dernier Salon international de la restauration, de l'hôtellerie et de l'alimentation. Sous les nappes du jury des Bocuse d'Or, dans les conduits de ventilation d'un Tunnel de la Croix-Rousse transformé en salle de banquet et dans les camions à climatisation polaire des sculpteurs sur glace, on a cherché partout, aucune trace de Liqid et Tcheep.

Deux semaines après la parution d'Imbéciles heureux, premier EP collaboratif voulu «fat mais raffiné comme une tartelette au citron», la présence des deux ex-Gourmets au Davos de la bonne bouche était pourtant on ne peut plus légitime. La tenue de sa release party le soir même de la première venue à Lyon de Smoke DZA l'est tout autant, sinon plus : là où les trois albums du New-yorkais ont justement tout d'écrans de fumée – en fait de renouveau du rap East Coast, sa musique n'en est qu'une resucée – leur disque, qui succède à des amuse-gueules déjà bien consistants (Liqid contre le reste du monde pour le MC au flow de marmiton insolent, Technodrome pour le cordon bleu de la MPC), est un régal d'électro-hip hop enfourné à deux degrés. Si on osait, on dirait même que, de disses roboratifs (La Vengeance du serpent) en ego trips fourrés à la culture geek (Bruce Liqid), Liqid et Tcheep y mettent les petits plats dans les grands – même l'excentrique Kool Keith demande du rab sur Alien Blond – avec l'aisance, l'enthousiasme et la culture d'un Grégory Cuilleron ambidextre et fan du Wu-Tang Clan. C'est dire si le plat de résistance promet.

Benjamin Mialot

Liqid & Tcheep [+ Smoke DZA + Dels]
Au Transbordeur mercredi 11 février


<< article précédent
Le mythe Mitte