Il faut pas mal de confiance en soi pour monter sur scène et raconter sa vie à des inconnus en se convainquant que, franchement, cette vie les intéressera. L'humoriste Jessé, d'abord passé par le théâtre, le cinéma, les séries ou encore le mannequinat, est allé il y a deux ans au bout de la démarche avec, comme son nouveau métier le laisse penser, pas mal d'autodérision. Sans doute parce que sa vie est, disons, plus intéressante que la moyenne. Ou, du moins, parce qu'il arrive à rendre son Message personnel plus intéressant que la moyenne.
La quête des origines, lui l'enfant d'un adultère, et le violent harcèlement homophobe vécu plus jeune sont au cœur de son spectacle. De quoi plomber direct l'ambiance, s'il n'y avait ce ton pince-sans-rire et ce sens du récit capables de faire rire de tous les sujets, jusqu'à la mort d'un garçon pas très recommandable. Et de délivrer, l'air de rien, quelques messages bienvenus dans une scénographie vert lichen poussée jusqu'aux moindres détails.
Un fond dense qui n'empêche pas cet enfant du monde paysan de foncer tête baissée dans des histoires plus légères, de sa fascination pour sa très théâtrale belle-mère au coït en mode créneau (« stop ; doucement ; vas-y ; non ça ne rentre pas ») en passant par les vertus de l'Imodium. Portées par une écriture affûtée qui ménage habilement ses effets et un talent d'interprétation précis façon angelot à la part de diablotin jamais loin, toutes ces tranches de vie mises bout à bout forment un ensemble séduisant à plusieurs niveaux de lecture. Dont pas mal d'hilarants.
Message personnel
À l'Espace Gerson du mercredi 5 au samedi 8 juin