« Une nouvelle vision de la programmation débute cette année » a écrit Philippe Brocard, président du Lyon BD Festival en préambule du fascicule de l'événement qui célèbre sa 19ᵉ édition. La programmation s'attaque effectivement à des sujets sociétaux contemporains qui n'ont rien de léger : réflexions autour de la maladie (table ronde avec Jean-Christophe Chauzy, Pozla, Nicolas Keramidas et Fabien Toulmé) mais aussi récit intime autour de l'inceste (avec Héloïse Martin et Valentine de Lussy). On note aussi la conférence du militant écologiste Alessandro Pignocchi ou encore la rencontre du 25 mai dernier célébrant les dix ans du collectif d'investigation We Report ; chaque événement ayant pour dénominateur commun une ou plusieurs bandes dessinées.
« J'ai eu envie de m'adresser à un public plus jeune qui se préoccupe de ces thématiques même si elles ne sont pas faciles, et montrer la caisse de résonance que peut être la BD », exprime Iris Munsch qui a pris ses fonctions de programmatrice du Lyon BD Festival en novembre dernier, prenant ainsi la suite de Nicolas Piccato. Issue du monde de l'édition (Casterman, Le livre scolaire), elle ne cache pas son dynamisme et son désir de voir le Lyon BD festival s'inscrire en miroir de la société. « Le festival se déroulera en même temps que la marche des fiertés. Parallèlement, nous proposons une rencontre sur les questions de genre et d'identité », reprend-elle, en référence à l'invitation de Florence Dupré la Tour à Tamos le Thermos dans son exposition Pucelle.
Un engagement qui s'exprime aussi dans la programmation des journées professionnelles, avec l'invitation du Syndicat des éditeurs alternatifs, l'ADAGP (la Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques), mais aussi de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse (une association de défense des droits des autrices et auteurs). « On évoquera les droits des auteurs, face à l'IA notamment. La création se sent menacée et c'est important d'en parler », précise-t-elle.
Les grands classiques du genre ne seront pas en reste : « La BD apparaît de plus en plus comme un média, un moyen de raconter les choses. Mais ça ne veut pas dire qu'elle ne doit raconter que ça », détaille Iris Munsch. Une exposition célèbrera Corto Maltese au Musée des tissus, « elle sera très contemporaine », précise la programmatrice, car aux côtés des reproductions du maître Hugo Pratt se tiendront les originaux de Rubén Pellejero, dessinateur associé à Juan Díaz Canales, qui ont tous deux repris les contes du légendaire voyageur.
Lyon BD Festival
Dans toute la métropole, du 1er au 30 juin