Classique & Lyrique / Depuis l'arrivée de Daniel Bizeray à la tête de l'Opéra-Théatre de Saint-Etienne, la métamorphose est visible. Le lieu cherche des propos artistiques pertinents, se questionne sans cesse et offre une programmation riche en rebondissements. Pascale Clavel
Peut-être est-ce une force, peut-être un trop plein de gourmandises, certainement une belle idée, à coup sûr une ère nouvelle : l'Opéra-Théâtre déroule une saison toute en surabondance. Des œuvres lyriques, symphoniques, de la musique de chambre, de la danse, du théâtre... On peut s'y perdre ou se poser la question des bienfaits du trop.
Daniel Bizeray est un généreux qui souhaite toucher tous les publics. Dans cet exercice, il faut bien l'avouer, il réussit un beau pari : tout le monde semble y trouver son compte. La saison lyrique qui a pour thème « Mars ou Vénus » relance le débat sans fin sur le masculin et le féminin : ces deux là sont-ils complémentaires ? Sont-ils si différents (voire opposés) ou définitivement dans l'incompréhension l'un de l'autre ?
Pour décliner « Mars ou Vénus », se succéderont des opéras aux esthétiques très diverses, des metteurs en scènes aux exigences variées, des chefs d'orchestre à la baguette déjà bien reconnue. Le choix est grand : on peut aller entendre La Navarraise de Massenet, le très beau The Rake's progress de Stravinsky, sans bouder une Madame Butterfly de Puccini ni un Orphée et Eurydice de Glück. Jean Lacornerie, le nouveau directeur du théâtre de la Croix-Rousse à Lyon, vient cette saison en voisin avec Bernard Tétu et proposent ensemble Les Conjurées ou la croisade des dames de Schubert.
Plus qu'une mue
Côté musique symphonique, deux rendez-vous (« Aimez-vous Beethoven? » et « Aimez-vous Bach? ») avaient eu un vif succès l'an dernier. Pour cette saison, Daniel Bizeray a décidé d'en faire un peu plus et trois dates sont prises sous la même forme pour rencontrer Ravel, Tchaïkovski et Vivaldi sous la baguette du chef attitré Laurent Campellone.
Dans les atypiques de la saison, il faut se tourner vers la Musique de Chambre puisque le public peut entrer directement dans l'intimité d'une Schubertiade, ces fameuses soirées où Schubert et ses amis se réunissaient tout en devisant et en écoutant les prouesses du pianiste. Et puis, il faudra tendre l'oreille vers L'Ensemble «Les Ombres», en résidence à l'Opéra-Théatre, qui propose un Concert chez la Reine. On est à Versailles pour une soirée disons, pleine d'esprit... Cette année, l'Opéra-Théatre s'associe, et ce pour la première fois, à la Biennale Musiques en scène de Lyon. À cette occasion, l'Ensemble Orchestral Contemporain que dirige Daniel Kawka donne un concert Boulez, Jarrell, Adamek. Du beau monde, bien vivant où musique et informatique s'explorent, se cherchent et se trouvent.