Si la recherche et la politique fiction s'exposent à la cité du design, en période d'éléction, le MAM poursuit sa réflexion au contact d'artistes activistes. Depuis le 15 mars, le Musée d'Art Moderne invite le collectif danois Superflex à présenter une partie de sa collection de design. Pour définir le travail de ce collectif composé d'artistes designers reconnus pour leur engagement politique et social, il faut d'abord faire le point sur leurs intentions, intervenir et agir.
Ils ne se quantifient pas a une technique, travaillent de manière «rhizomatic».Il s'agit d'explorer et d'expérimenter des moyens de production alternatif. Le collectif danois Superflex cherche à créer des projets-outils «tools», fournir une panoplie de moyens d'action à disposition. Leur fonction est d'encourager une approche polyvalente des oeuvres. Ce sont des propositions de production interactives. Il s'agit de faire la lumière sur les conditions de production, les influences, le discours et les stratégies. Si nous connaissons Jean Prouvé pour son rapport au matériau et ses interventions altruistes en architecture de l'ordre du logement social, nous sommes invités dans cette exposition à en entrevoir, à travers le temps, une recherche sur l'aspect économique de sa reproductibilité. L'installation se décompose de manière à pouvoir circuler à travers quatre salles, de l'espace d'exposition de mobiliers signés, nous nous déplaçons vers un espace d'action qui ressemble à un laboratoire de copie. Les mots de Prouvé sont élevés a hauteur du regard et instaurent un climat de recherche, de salle d'étude. Au coeur de cette opération, une chambre muséale composée du mobilier industriel de Jean Prouvé, 4 ilots blancs qui accueillent sur pilotis quatre meubles réalisés entre 1936 et 1948. Ses pièces exposées en salle 3 et 6 sont les œuvres de la collection du musée conçues par Jean Prouvé ou par ses ateliers. Superflex lui emprunte sa description du travail sur la tôle d'acier, matériau "plié nervuré, embouti, soudé", pour faire entrer le spectateur dans un mouvement « d'expo production ».
L'exposition de Superflex est en place depuis le 15 mars. Elle se module avec le temps. La salle 5 titrée noir sur blanc Puis copié, et actuellement vide, se remplira à partir du 21 juin des super-copies intitulées Prouvé Made in Africa. Cette proposition interroge la collection en formulant une décomposition simultanée du processus de production et d'exposition. En salle 4 nous pouvons d'ores et déjà contempler le patron de la chaise Cafétéria. Ce dessin technique sera expédié en Afrique pour la fabrication des copies de la chaise à venir en salle 5. Ils désignent ainsi la diffusion de ces modèles résistants utilisés à Brazzaville et leur réappropriation en France et en occident dans les années 90. Superflex vient ponctionner des instants T, renverse les valeurs et fait reproduire en Afrique la célèbre chaise cafétéria. En suggérant, ils induisent de nouveaux espace de réflexion, de connexion.
Exposition au musée d'art moderne Du 15 mars 2012 au 30 septembre 2012
Rencontre autour de l'oeuvre : vendredi 11 mai 12 h 30
Tarif : 5 euros
Réservation recommandée.