Vincent Rubin réalise une mise en scène du quotidien, le minimalisme d'un vocabulaire urbain au service de passagers anonymes. Les escalators, la rue, les reflets de vitrine, les ascenseurs, les escaliers, la porte de garage.
Investigations de lignes de fuites de traces urbaines, face aux séquences de plans où il calibre l'espace. On se retrouve le nez écrasé sur la scène, on englobe la temporalité de l'action. A partir du 25 mai, la Serre ouvre ses portes aux «Passagers» de Vincent Rubin, diplômé de l'École Supérieur d'Arts Visuels de Rennes en cinéma documentaire, photographe lauréat du prix Kodak en 2006, sélectionné aux Voies Off d'Arles en 2008. Dans sa série Les passagers, les photographies au plan serré sont comme cloisonnées et enferment le regard pour mieux le projeter. Traiter de l'inconcevable, considérer les vides impalpables de la condition humaine en situation urbaine, serait-ce un documentaire photographique de l'hygiénisme sociétale ? Vincent Rubin questionne les civilités. Le photographe exploite les œillères du cadre. On se déplace à travers l'exposition entrainé par un cerne noir à hauteur des yeux qui circule autour de la salle. Les photographies y sont disposées comme des meurtrières, fenêtres qui nous invitent a observer ses bribes de voyeurisme, les usages, un voyage au travers d'espaces exigus, claustrés sans échappatoire à la distraction. Dans les escalators nous suivons l'ambiguïté du milieu urbain, unflux anonyme, des passagers affairés dans une ascension, et plus loin, toujours dans ces escaliers émerge une identité singulière animale.
Par l'infini et au delà
L'étouffement du cadre urbain semble se métamorphoser avec les corps pour signifier un ailleurs. Groupes anonymes, couples, dialogue, solitude, l'ascenseur accueil et disperse les corps. Une mise en scène visuelle de la mémoire étrangère au passage, au fur et à mesure, les capitons du cadre se transforment en ailleurs et le hors champs agit. Le spectateur est tiré par les lignes de fuites de son imaginaire. Cette série Passagers semble démontrer l'impossible prise sur l'intersection des mouvements. Si le passage est conditionné entre deux, immatériel, Vincent Rubin procède à l'archivage de ces vides, à la surexposition de ses isolements sur fond métallique. Une seule petite déception : on s'attend à être immergé et nous restons frustrés vis à vis de la taille des photographies.