La navette spatiale américaine a cessé de voler en juillet 2011 après 30 ans de carrière et 135 missions. Le bilan est mitigé pour cet engin hors-norme qui a assuré de multiples opérations dans l'espace mais aussi causé la mort de deux équipages.Eric Frappa, directeur scientifique du planétarium de Saint-Étienne
Dès les années 30 émerge en Europe l'idée d'une fusée ailée à vocation militaire. A la fin des années 60, la NASA explore sérieusement le concept d'un engin spatial volant réutilisable, projet qui doit succéder au programme Apollo. Après de nombreuses difficultés, le feu vert budgétaire est donné en 1972 et Enterprise, la première navette, vole en 1977 dans le ciel américain. Le premier vol spatial (STS-1) est assuré par Columbia, le 12 avril 1981. Durant 30 ans, la navette effectue une grande variété de missions : lancement de satellites et de sondes spatiales, expériences scientifiques, maintenance du télescope Hubble, construction et ravitaillement de l'ISS... Tout ceci grâce à sa charge utile maximale de 25 tonnes, un équipage de 2 à 8 personnes, une soute de 300m3 et sa capacité à ramener plusieurs tonnes de matériel sur Terre.
Un engin spatial trop complexe et coûteux
Imaginée initialement pour assurer le même niveau de sécurité qu'un avion, la navette s'est révélée être une machine extraordinairement complexe, nécessitant des procédures de contrôle très contraignantes. Dans un tel cadre, les défaillances potentielles étaient nombreuses et se sont parfois révélées dramatiques. Le 28 janvier 1986, Challenger (STS-51) se désintègre 73s après le décollage, suite à une défaillance d'un propulseur à poudre, causant la mort des 7 membres d'équipage. Le 1er février 2003, Columbia (STS-107) explose pendant la rentrée atmosphérique avec ses 7 occupants, à cause d'une aile détériorée au décollage par la chute d'un bloc de mousse de 500g. En juillet 2011, Atlantis accomplit le dernier vol (STS-135), signant la fin de cette épopée durant laquelle 5 navettes différentes auront été utilisées. Le coût de chaque vol était estimé à 1.5 milliard de dollars, non compétitif par rapport à un lanceur classique. Aujourd'hui, le concept de navette est considéré comme sans avenir pour les vols spatiaux habités, et les projets s'orientent vers un retour à une capsule de type Apollo, finalement plus simple et plus maîtrisable.