Le satellite européen Planck vient de compléter l'image la plus précise que l'on connaisse de l'univers, alors qu'il n'était âgé que de 380 000 ans.Éric Frappa, directeur scientifique du Planétarium de Saint-Étienne
À cause du temps de parcours de la lumière (300 000 km/s), plus on regarde loin dans l'espace, plus on regarde loin dans le temps. Autrement dit, plus un objet est loin de nous, plus l'image qui nous en arrive aujourd'hui date d'une époque reculée. À ce petit jeu, jusqu'où peut-on aller ? Réponse : jusqu'à l'image que vous avez sous les yeux. Avant cette image, l'Univers était opaque et la lumière ne pouvait tout simplement pas s'y propager. Prise par le satellite européen Planck, cette photographie montre ce qu'on appelle le rayonnement fossile ou fond diffus cosmologique, cette première lumière qui a parcouru l'Univers devenu transparent. Elle nous arrive aujourd'hui sous la forme de rayonnement micro-onde. Les changements de couleur dans l'image représentent les infimes fluctuations de température (plus ou moins 0.00001 degré !) que présentait l'Univers alors qu'il n'était âgé que de 380 000 ans. Ces "grumeaux" sont à l'origine des structures qui sont apparues par la suite (galaxies et amas de galaxies).
Planck précise l'âge de l'univers
Pour pouvoir mesurer des variations de température aussi minuscules, le satellite Planck a utilisé un système de refroidissement complexe, à 6 étages. Une partie de son équipement était ainsi maintenue à -273.05°C (seulement 0.1 degré au-dessus du zéro absolu !), ce qui en fait l'instrument le plus froid jamais envoyé dans l'espace. Les données obtenues par Planck confirment le succès de cette mission européenne dont les résultats sont fondamentaux pour la cosmologie moderne. Elles permettent de préciser l'âge de l'Univers, évalué désormais à 13.82 milliards d'années (un peu plus vieux que précédemment estimé). Elles montrent également que l'expansion de l'Univers est un peu plus lente qu'attendue. Les proportions des constituants de l'Univers sont affinées : 4.9% de matière ordinaire, 26.8% de matière noire et 68.3% d'énergie noire. Enfin, cette cartographie ultra-précise révèle une légère asymétrie des températures moyennes d'un hémisphère à l'autre, dont l'origine est encore inconnue.