Nous en avions parlé dans un Petit Bulletin précédent (n°13) : la chute d'un météoroïde de 17 mètres au-dessus de l'oural avait défrayé la chronique en février dernier. super-bolide, onde de choc, nombreux dégâts et blessés par bris de verre... et un trou de 6 mètres dans le lac gelé de Chebarkul. Éric Frappa, directeur scientifique du planétarium de Saint-Étienne.
C'est la plus grosse entrée atmosphérique observée depuis la Tunguska en 1908, quand un probable fragment de comète de 60 mètres de diamètre avait explosé en altitude, rasant plus de deux milles kilomètres carrés de forêt sibérienne. Dans le cas de Chelyabinsk, le 15 février 2013, l'objet fautif est un astéroïde de 17 mètres. Il s'est brisé vers 23 kilomètres d'altitude et de nombreux fragments de petite taille ont été retrouvés sur une large zone. Un trou circulaire de 6 mètres a très vite été repéré à la surface du lac gelé de Chebarkul, 65 kilomètres au sud-ouest de Chelyabinsk, sa position correspondant à la trajectoire calculée d'après les nombreux témoignages vidéos recueillis. Il aura donc fallu 8 mois pour que des plongeurs puissent explorer avec succès les eaux troubles du lac. Le 16 octobre 2013, ils ont remonté à la surface la plus grosse météorite de cette chute, d'un poids total de 654 kg (elle s'est fragmentée en 3 morceaux au moment de la pesée).
Une chondrite ordinaire mais des traces de collisions passées
La nature des météorites de Chelyabinsk est tout ce qu'il y a de plus classique : une chondrite ordinaire (appelée ainsi car elle contient des chondres, petites billes formées par une cristallisation dans l'espace), riches en silicates comme l'olivine ou le pyroxène, et contenant 10% de fer. Mais ces météorites ont une caractéristique extraordinaire : elles présentent des traces variables de collisions passées - dans l'espace - encore plus violentes que celle qui vient de se produire avec la Terre ! Les exemplaires qui ont subi les pressions les plus fortes montrent un intérieur très sombre, car le fer fondu a littéralement imprégné - via une multitude de micro-fractures - leurs minéraux constituants. Ces météorites fortement choquées pourraient expliquer la nature de certains astéroïdes mystérieux, très sombres justement, observés par ailleurs dans le système solaire.