Dirigée par Abdou N'Gom, la Compagnie Stylistik tire son nom de l'ouvrage de Raymond Queneau, Exercices de style, dans lequel l'écrivain raconte 99 fois la même histoire de 99 façons différentes. Ce principe créatif, la compagnie l'applique à la danse hip-hop. Abdou N'Gom qui a déjà travaillé à deux reprises à Saint-Étienne, revient à la conquête de la ville verte dans le cadre du festival Des Arts//Des Cinés où il présentera le 27 mai, le duo hip-hop Fair corps. Si le mot hip-hop éveille l'idée de performance, il serait réducteur de le limiter à ça. «Cette énergie brute peut être autre chose que de la performance» assure le chorégraphe Kader Attou, directeur du CCN de la Rochelle. Le hip-hop a évolué, grandi, mûri, s'est enrichi en se frottant à d'autres formes d'art et d'écritures chorégraphiques. «Explorer, expérimenter, se questionner, tester des horizons nouveaux, découvrir de nouveaux possibles sont les objectifs qui m'animent au quotidien, expose Abdou N'Gom.
Duo de corps et d'âmes
Le titre est un jeu de mots entre le mot anglais «fair» qui signifie : bien, bon, juste et «faire corps» : chercher la connexion, établir le contact, arriver à faire de deux, un unique. Bien des années après, ce désir fait écho à ce qu'a souvent exprimé Maupassant qui nourrissait le rêve de l'accomplissement de ce défi à l'arithmétique. Ce que Maupassant exprimait en mots, Abdou N'Gom l'inscrit dans son écriture chorégraphique en travaillant sur le contact, les portés qui sont plus le fait du ballet classique que de la danse hip-hop qui est, à la base, individuelle, où il n'y a pas de contact. Mais Abdou travaille les choses qui s'élèvent davantage. Le dialogue, l'échange s'instaurent à travers le mouvement qui se fluidifie jusqu'à ce que les gestes de l'un prolongent ceux de l'autre et quand on crée une osmose, quelque chose de l'infini se mette en place proche de la réalisation du désir de Maupassant, lui qui était tellement désespéré de constater que un et un font trop souvent deux».
Fair Corps, mercredi 27 mai à 14h30, place Dorian à Saint-Étienne, dans le cadre du festival Des Arts//Des Cinés