Est-il vraiment utile de présenter encore cette immense artiste qu'est Fatoumata Diawara ? Véritable touche-à-tout à la personnalité bien trempée, la trentenaire s'illustre aussi bien (et toujours avec brio) dans la chant, la danse, la pratique instrumentale, la comédie musicale, le cinéma ou le théâtre... rien que ça ! Ses nombreuses collaborations l'ont fait parcourir le monde entier, comme une fuite en avant. Partout elle a pu faire éclater son talent, s'appuyant bien sûr sur ses racines africaines, aux côtés des chanteuses Oumou Sangaré, Dee Dee Bridgewater et Mamani Keita, auprès d'Herbie Hancock et, plus récemment, en tournée avec le pianiste cubain Roberto Fonseca. Sur scène, la chanteuse-guitariste livre un véritable ode à l'Afrique. Des ballades d'une grande sensualité, un folk-blues à l'africaine inspiré par la harpe wassalou. Les textes interpellent en dénonçant l'excision, le mariage forcé ou l'éducation des enfants par d'autres parents. Mais Fatoumata chante, en filigrane, sa propre histoire : les souffrances d'une enfance déchirée entre Côte d'Ivoire et Mali, avant la fugue à Paris. Pour échapper aux griffes de la société ouest-africaine qui aurait préféré la voir mariée plutôt que sur un écran, elle est partie un soir, à l'âge de 19 ans, laissant sa famille sans nouvelles pendant près de six longues années. Pratiquant son art comme une thérapie, Fatoumata Diawara chante pour donner tout ce qu'elle n'a pas reçu. Niko Rodamel
Fatoumata Diawara, samedi 6 février à 20h30, Centre culturel Le Sou à la Talaudière