Dans l'atelier qu'il occupe depuis quelques années dans le Bronx à New York, Wallace Whitney (né en 1969 dans le Massachusetts) peint cinq ou six tableaux à la fois. Ainsi, il ne commence pas une toile par le début ni par la fin, mais par le milieu, si l'on peut dire. Chaque toile, au final, sera néanmoins indépendante des autres et prendra parfois un titre singulier et évocateur de l'environnement de l'artiste : l'énergie urbaine, les flux numériques, les éléments, la lumière, la force d'une vague... Et c'est aussi au beau milieu de la peinture qu'est plongé d'emblée le regardeur, dans des toiles souvent de grand format, dont l'expressionnisme abstrait rappelle très vite les œuvres de Joan Mitchell ou Willem de Kooning par exemple. « Dans chaque toile, un réseau d'interventions constitue une trame complexe où se produisent des événements picturaux dramatiques. Le feuilletage de plans, de lignes, de touches relève d'un processus d'élaboration par stratification. Les applications de peinture à l'huile, voire à la bombe dans un premier temps, se superposent et se répondent. Chaque coup de pinceau est une objection faite au précédent afin de maintenir la tension picturale et de monter la scène de peinture. » écrit la critique d'art Anne Favier. Ici, les « personnages » du drame pictural se nomment : couleurs, lumière, densité, coulures, effacements, empâtements... Ils nous transportent en chœur et en pures sensations visuelles loin, très loin, à l'épicentre des émotions. Jean-Emmanuel Denave
Wallace Whitney du 25 février au 21 mai à la galerie Bernard Ceysson