Critique du film The Assassin de Hou Hsiao-hsien (Taï, 1h45) avec Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou...
Où l'expression “rester interdit” devant une certaine beauté (ou une beauté incertaine) revêt un sens inaccoutumé... Mais avec Monsieur Hou ce type de situation tend à dépasser le cadre de l'exception — le cinéaste taïwanais semblant estimer l'hermétisme comme une langue raffinée dont il convient d'user pour maintenir à distance un public profane. En l'occurrence, le procédé se révèle curieux lorsque l'on s'attelle à un wu xia pian (le film de sabre chinois), genre éminemment populaire, remis au goût du jour par le très chorégraphié Tigre et Dragon (2000) du toujours génial Ang Lee.
Refusant sans doute de s'abaisser à signer un film totalement épique ou spectaculaire (aurait-il peur de déchoir ?), HHH verse dans une abstraction esthétique floue, certainement très symbolique. Mais à la différence d'un Tarkovski, d'un Bergman ou d'un Kubrick (voire d'un Malick dans ses bons jours), il ne va pas au bout de sa démarche et paraît comme incapable de se résoudre à une dissolution narrative absolue, qui ferait de ses œuvres de purs objets contemplatifs — même ses séquences de combats sont à Tsui Hark ou John Woo ce que Rivette pourrait être à Scorsese en ce domaine.
Jouissant d'une fabuleuse cote germanopratine, Hou Hsiao-hsien ne reste qu'un suiveur plombant et surévalué, un indécis chronique, à la traîne de Wong Kar-waï à l'époque de Millennium Mambo (2001), et d'autres confrères asiatiques aujourd'hui. VR