Voici le second épisode de Walk the Walk, la Web série réalisée par Wasaru, filant sur les traces de Brain Damage en Jamaïque. Après Horace Andy, place pour ce second épisode à une autre légende : Ras Michael.
Le reggae, le roots, c'est aussi le rastafarisme. Quel est ton rapport à la spiritualité en général et à la philosophie rasta en particulier ? Comment sont perçus les musiciens de reggae européens, non sensibles à cette philosophie, par les rastas, est-ce que vous en parlez ?
Martin Nathan : Je suis un sceptique. Plutôt sur une ligne "ni Jah ni maître". Mais j'avoue avoir été plus que séduit par ce qu'il se dégage artistiquement des convictions de ces chanteurs avec lesquels j'ai pu travailler à Kingston.
Je redis que je peux admirer un temple sans pour autant prier, ou encore apprécier la forme d'une publicité sans acheter le produit qu'elle vante.
Nous n'avons pas eu le temps d'aborder sérieusement ces sujets ensemble, cela demanderait de se connaître davantage et je ne voudrais pas donner le sentiment d'un manque de respect de leurs convictions. Ce terrain est miné, et j'ai moi-même tendance à m'emporter sur le sujet, alors, prudence...
Ras Michael, c'est aussi le nyabinghi. Est-ce que cette musique, découverte en France grâce à Mystic Revelation, t'a marqué autant que le reggae et le dub ? Comment perçois-tu ce rythme ?
Non, cette musique ne m'a pas marqué autant que ce qui en a découlé : ska, rocksteady, reggae, dub, etc... Néanmoins je la respecte infiniment. C'est une base traditionnelle, ancestrale. Pas de reggae, sans le nyabinghi. Pas de rock'n'roll, sans le blues. Je remarque que toutes les musiques, ou presque, qui ont pu me faire vibrer, ont de près ou de loin des origines africaines...
Comment s'est passé le lien avec Ras Michael, as-tu une anecdote à nous raconter sur votre rencontre ?
Si, tout en l'appréciant et en le respectant, le nyabinghi n'est pas ce qui m'a le plus marqué dans l'histoire de la musique jamaïcaine, le fait de travailler avec un personnage de la trempe de Ras Michael est un immense privilège. Mais, pour être honnête, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre. Les éventuels doutes ont été rapidement dissipés, après quelques minutes de prises au studio Harry J. Le spoken word, que l'on retrouve sur le morceau Love makes the world go round, est juste incroyable, tout comme l'interview qui a suivi.
J'ai le sentiment d'avoir reçu un immense cadeau de sa part. Il faut savoir que c'est la première fois qu'il se prête à ce genre d'exercice : après 50 ans de carrière il n'avait jamais réalisé d'apparition vocale enregistrée, hors de son propre projet, The Son of Negus.