Un film de Juho Kuosmanen (Fin-All-Su, 1h32) avec Jarkko Lahti, Eero Milonoff, Oona Airola...
L'argument est si simple qu'il tient presque du prétexte : devant défier à domicile l'Américain détenteur du titre de champion du monde poids plume, un petit boxeur finlandais inquiète son entourage, car sa fiancée l'obnubile plus que son excès de poids à perdre.
Boxeur obscur dont la victoire (ou la défaite) importe finalement peu, Olli Mäki rappelle Bartleby : alors qu'on le pense dénié de toute velléité d'affirmer son individualité, la manifestation de sa volonté propre suffit à perturber l'ordre d'un monde ayant composé avec son immuabilité, sa prévisibilité, son apparente insignifiance.
Le film lui-même joue de sa modestie : un noir et blanc âpre, ne cadrant pas forcément le héros en majesté, montrant volontiers ses épaules étroites, sa taille menue, son torse émacié ou son début de calvitie. Révélant en somme que Olli Mäki est un type normal, étranger à la forfanterie de son manager, peu concerné par cet orgueil national dont il est censé être le dépositaire.
Par son minimalisme poétique, ce film dit davantage le réel que, suprême ironie, le “documentaire-vérité” tourné à l'époque, dont il reconstitue la grotesque construction. Pareil à une parabole moderne, il pourrait se conclure par une sentence philosophico-morale : à quoi bon rêver d'une ceinture pour autrui lorsque celui-ci ne vise qu'une bague ?