Biennale internationale design 2017 / À Saint-Étienne, le design garde la gueule de l'emploi avec sa thématique Working Promesse - les mutations du travail dans un monde du travail en pleine mutation. En vingt ans, le design est devenu la valeur ajoutée de l'agglomération stéphanoise et la vitrine même de la ville de Saint-Étienne. S'appuyant sur son succès public et sa longévité, la Biennale affiche donc pour sa dixième édition l'ambition d'enfoncer le clou, affirmant toujours plus son rayonnement international et permettant cette année encore, une large implication de l'École supérieure d'art et design.
Il est déjà loin le temps où les premières Biennales, installées au Parc des Expositions pour seulement une petite semaine, étaient presque entièrement conçues par les étudiants de l'école des Beaux-Arts... Après un brillant cursus entre Saint-Étienne, Paris et Birmingham, puis un premier prix national de design auprès de l'Agence Pour la Promotion de la Création Industrielle, Sylvain Mariat est entré chez Airbus en 2003 et dirige depuis neuf ans une équipe de designers au sein d'Airbus Corporate Jet Centre. Il se souvient des débuts de l'aventure lorsque Jacques Bonnaval, alors directeur de l'école des Beaux-Arts, a mis en place la première Biennale en 98. « Il y avait déjà beaucoup de pays représentés. » À l'époque, c'était essentiellement les étudiants de l'école qui montaient et scénographiaient les expositions, pour lesquelles ils présentaient leurs propres projets, parfois des prototypes plus ou moins aboutis. La Biennale a mis un certain temps à être comprise par les Stéphanois. « Les gens allaient à la Plaine Achille comme s'ils allaient à la Foire économique ! » Après quelques tentatives d'identité visuelle, c'est certainement l'arrivée de commissaires d'expositions qui a permis de structurer l'ensemble des propositions. Les étudiants sont toujours restés très impliqués dans le IN mais il est évident que le OFF est resté leur terrain de jeu, à travers les échanges entre étudiants du monde entier sans oublier tout l'aspect festif qui se greffait autour. « Cela s'apparentait à une sorte de social networking dans une ambiance très cool. »
Un carrefour de rencontres pour les designers
Après son embauche chez l'avionneur toulousain, Sylvain Mariat a toujours suivi de près les Biennales, grâce notamment à un fidèle réseau d'anciens camarades devenus designers, scénographes ou enseignants. Même si dans le domaine aéronautique il évolue loin du contexte stéphanois, il lui reste cette fierté d'avoir été formé en grande partie à Saint-Étienne. Sylvain reconnaît que de part sa situation géographique en Europe et le caractère international de la Biennale, Saint-Étienne est devenu un carrefour de rencontres pour les designers.
Lorsque l'on évoque avec lui le thème de la Biennale 2017 (Working Promesse - les mutations du travail), Sylvain ne reste pas indifférent. « Après une époque où le design était très intuitif, on a ensuite cherché à le théoriser, ce qui est davantage un fantasme d'ingénieur. » La balance semble aujourd'hui s'équilibrer car le design évolue naturellement avec la société. Le plus souvent le designer doit élaborer un produit par rapport à une demande et à des spécifications qui ne laissent pas toujours de place à son propre désir. L'une des forces de la Biennale stéphanoise est de pouvoir encore montrer les différents types de design qui coexistent, depuis les différentes approches artistiques jusqu'aux concepts plus intellectuels en passant par le design industriel. Ce qui n'est d'ailleurs pas forcément le cas à l'étranger où les grands salons s'avèrent davantage mercantiles. « Ils n'ont pas la même fraîcheur qu'à Saint-Étienne. Ici, les visiteurs viennent en famille ! »