de Sou Abadi (Fr., 1h28) avec Félix Moati, Camélia Jordana, William Lebghil...
Anne Alvaro est, décidément, une immense comédienne que son talent préserve de l'adversité — c'est-à-dire des pires des naufrages cinématographiques. Sa confondante interprétation d'une militante iranienne (accent inclus) réfugiée dans le XVIe arrondissement lui vaut de sortir sans dommage de cette épouvantable comédie sentimentale. Elle est bien la seule. La réalisatrice, par exemple, manque son coche dans ce mariage entre romance et critique sociale humoristique. Pas du fait d'une hybridation hasardeuse, ni du thème puisque l'on peut rire de tout, si c'est fait avec intelligence et talent. Car hélas, le choix d'un sujet brûlant n'exonère pas un auteur de maladresse ni de naïveté.
Sou Abadi raconte ici le stratagème trouvé par un étudiant désirant continuer à voir sa copine enfermée chez elle par son grand frère revenu radicalisé d'un camp : il se couvre d'une burqa et se fait passer pour une femme. Quiproquos à l'ancienne, situations balourdes, personnage de fondamentalistes d'une bêtise profonde... Défendre des idées justes ne dispense pas de travailler en profondeur la construction dramatique et devrait empêcher de réduire les antagonistes à des bourricots aussi réversibles que des pions de go — les comédiens n'ont rien à défendre ! Quant au dénouement digne d'un épisode La Croisière s'amuse, une loi devrait sanctionner le recours abusif aux cavalcades et embrassades dans le décor des Aéroports de Paris.