de Olivier Peyon & Cyril Brody, (Fr., 1h37), documentaire avec Latifa Ibn Ziaten...
Après l'assassinat de son fils par le terroriste Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten a voulu dépasser la douleur : elle a donc converti son malheur en un combat contre la haine, sillonnant les routes à la rencontre d'une jeunesse à qui elle prêche la tolérance.
Des causes justes n'inspirent pas forcément des films exempts de reproches. Ce documentaire, en voulant rendre hommage à Latifa Ibn Ziaten, met en évidence quelques aspects paradoxaux de sa démarche. Dédiant sa vie à son association (la confondant avec elle ?), Latifa est devenue une “icône” du dialogue, partout accueillie et célébrée. Si son deuil inspire le respect, il l'enferme aussi dans une position de victime appelant une compassion légitime et dont la parole ne peut jamais souffrir la moindre contradiction. Donc d'interlocutrice non qualifiée pour un réel dialogue, ni apte à déconstruire des argumentaires de jeunes radicalisés.
Latifa porte en outre un message bien ambigu en arborant en permanence un foulard (alors que des photographies anciennes la montrent tête nue...) qu'elle justifie par son deuil ou le fait que l'étoffe lui ait été donnée par Mohamed VI. On peut avoir une profonde sympathie pour la personne, mais trouver déplacée son héroïsation médiatique — ou son instrumentalisation par des élus à la pensée courte.