Biopic / de Angela Robinson (E.-U., 1h49) avec Luke Evans, Rebecca Hall, Bella Heathcote...
Université de Harvard, années trente. Chercheur en psychologie avec son épouse, le Pr Marston recrute pour l'assister une étudiante, qui devient l'amante du couple. Ce ménage à trois leur vaut d'être virés. Marston rebondit en instillant ses théories dans une BD féministe, Wonder Woman...
La première authentique héroïne de comics méritait bien qu'on rétablisse les conditions particulières de sa genèse faisant d'elle un personnage ontologiquement transgressif, épousant les penchants SM et le goût pour le bondage de son créateur que la censure et le politiquement correct tentèrent d'atténuer à plusieurs reprises. Dominatrice, indépendante, désinhibée, dotée d'un audacieux caractère Wonder Woman est un fantasme accompli en même temps qu'un modèle d'émancipation.
Hélas, le révisionnisme esthétique dont la fiction s'est fait une spécialité ordinaire (en glamourisant, notamment, à outrance les protagonistes) résonne ici comme une contradiction absolue. Plutôt que de préférer l'évocation réaliste (on ne parle pas de ressemblance ni de mimétisme), la réalisatrice a opté un trio de mannequins aux mensurations parfaites, qu'elle peut filmer avec grâce dans des étreintes au ralenti, sous des voilages vaporeux dans des lumières de bougies — David Hamilton, es-tu là ? Personne n'aurait eu peut-être envie de voir les clones des originaux se faire du bien, mais était-il nécessaire de les montrer en galipettes porno-chic ? Fesse droite et fesse gauche ne siègent pas sur le même fauteuil : on touche aux limites de l'hypocrisie et du genre. Enfin, ultime mauvaise idée, l'emboîtement des flash-backs qui alourdit la structure au nom d'un concept dispensable. La prochaine fois, faites un documentaire.