Théâtre / Pour sa première création, la jeune compagnie montbrisonaise "L'autrement dit", choisit de mettre en scène "Sous Contrôle", une pièce du jeune et talentueux auteur Frédéric Sonntag, parabole d'une société paranoïaque et liberticide. Rencontre avec Sébastien Castelain, créateur de la compagnie et co-metteur en scène.
Pourquoi avoir choisi ce texte confidentiel d'un jeune auteur de 40 ans comme baptême de feu pour votre compagnie?
Nous cherchions un texte en forte résonance avec les enjeux de notre époque, et Sous Contrôle, écrit en 2009, porte avec justesse une vision à peine déformée de notre société. Il aurait pu être écrit en 2018 tant l'univers décrit par Sonntag est un écho troublant à l'omniprésence des réseaux sociaux et la montée des paranoïas dans un système où tout le monde épie tout le monde.
Il n'y a pas vraiment de temporalité ou de lieu défini pour cette pièce décrite par son auteur comme « une pièce-monde », « une pièce-paysage ». Qu'est-ce que ça veut dire ?
La pièce s'articule autour de vingt-deux scènes qui sont autant de fenêtres sur un monde qui ressemble de manière inquiétante au nôtre. Les personnages sont au cœur de ce dispositif : on ne sait rien d'eux, ce qu'ils font dans la vie. Ils sont tour à tour surveillés et surveillants. On se demande s'ils s'emmerdent et s'ils n'ont que ça à faire, se surveiller ou tenter d'échapper à la surveillance. Un peu comme dans les téléréalités ou sur les réseaux sociaux où les frontières entre réalité et fiction deviennent poreuses.
L'écriture de Sonntag est à la fois dépouillée et très rythmée, presque saccadée. Quel a été votre parti pris de mise en scène pour ce texte puissant ?
J'ai été séduit par l'écriture de Frédéric Sonntag, qui est à la fois très accessible et émaillée de sous-texte politique en filigrane qui évoque la montée des extrêmes, le contrôle exercé par les religions, les réactions xénophobes face aux migrants. Tout cela est suggéré sans prêt-à-penser imposé au public.
On a pris le contre-pied de la première mise en scène de la pièce qui reposait beaucoup sur la vidéo et le son. Nous, on a voulu focaliser sur ces personnages qui évoluent dans un système en vase clos. On a voulu quelque chose de recentré sur cette bulle, qui accentue la sensation de confinement et d'oppression. Le fait d'avoir choisi huit comédiens pour vingt-huit rôles entretient cette confusion entre les frontières du réel et de la fiction.
Sous contrôle, les 31 mai & 1er juin à 20h30 au Verso (Saint-Étienne) et le 16/06 à 20h30 au Théâtre des Pénitents (Montbrison)