Comédie familiale / de Julien Guetta (Fr., 1h24) avec Éric Judor, Laure Calamy, Brigitte Roüan...
Peu rongé par l'ambition, Alex s'épanouit au volant de la dépanneuse du garage administré par sa mère. Son bon cœur le conduit un soir à aider une jeune femme déboussolée, qui l'entraîne chez elle et le plaque le lendemain en lui laissant ses trois enfants en cadeau...
Comment grandir quand on n'en éprouve pas le besoin impérieux ; comment accepter de couper le cordon quand on a toujours surprotégé son fils ; comment admettre que l'on a encore besoin de référents adultes lorsque l'on est adolescent ; est-il normal de ne pas éprouver d'instinct maternel ? Roulez jeunesse mesure chaque terme du syntagme “comédie familiale“ en explorant avec finesse le lien et l'attachement sous toutes ses formes — voilà pour les lecteurs·trices de Françoise Dolto.
Pour son premier long en tant que réalisateur, Julien Guetta approfondit donc des questionnements entamés dans ses courts métrages Les Ventres vides et surtout Lana del Roy (primé à Villeurbanne), où la famille en crise constituait à la fois le périmètre et la raison d'être du récit. Juste avant Roulez jeunesse, sa participation à l'écriture du Petit Locataire de Nadège Loiseau n'a fait qu'entériner son appétence pour des histoires de parentèles peu orthodoxes.
Ce film-ci n'oublie pas de remplir son autre contrat : celui de distraire en jouant sur la corde fantasque et lunaire d'Éric Judor. Accoutumé à des personnages “interzones“ à cheval entre la sincérité enfantine et la candeur adulte, yeux écarquillés et bredouillements à l'appui, il laisse transparaître ici une douceur inhabituelle. Oserait-on dire que ça le grandit ?