De et avec Xavier Dolan (Can., 1h59) avec également Gabriel D'Almeida Freitas, Anne Dorval...
À la suite d'un pari perdu, deux amis d'enfance (Matthias et Maxime) doivent s'embrasser devant une caméra. La situation les perturbe profondément et affecte leur relation, d'autant plus tendue que Maxime va partir deux ans en Australie. Ce baiser aurait-il révélé une vérité enfouie ?
Débarrassons-nous tout de suite des tics dolanniens qui, à l'instar d'excipients dans une recette, font du volume autour du “principe actif“ ; en l'occurrence, le cœur palpitant et original du film. Oui, on retrouve un portrait vitriolé de la génération parentale, en particulier des mères — les pères étant globalement absents. La génitrice du personnage de Maxime joué par Dolan apparaît comme de juste dysfonctionnelle, excessive (et droguée, violente, sous tutelle pour faire bonne mesure). Autre constante, la B.O. ressemble encore au juke box personnel du cinéaste, les aplats de musiques se révélant bien commodes pour faire des ponts entre séquences.
Sorti de cela, Matthias & Maxime se situe dans un registre moins exalté qu'à l'ordinaire : la trentaine approchant, la rébellion s'amenuise et certaines paix intimes se conquièrent. Ce qui ne signifie pas que le film soit un robinet d'eau tiède : les tensions et les passions qu'il abrite y sont intériorisées (principalement par le personnage de Matthias), explosent par moment, mais sans extraversion carnavalesque.
Matthias & Maxime s'ouvre par ailleurs sur un enthousiasmant portrait de groupe, à l'américaine, dans un piquant ping-pong verbal franco-anglais où le langage est au centre des choses et où la langue (pire et meilleure des choses d'Ésope) deviendra “l'objet du délit“. Acceptant d'afficher ici une pudeur douloureuse, Dolan met en veilleuse la timidité arrogante derrière laquelle il se cachait souvent auparavant. Sans surprise, ce nouveau costume lui va mieux.