De et avec Louis-Do de Lencquesaing (Fr., 1h30) avec également Marthe Keller, Léa Drucker, Laura Smet...
Sa femme s'éloigne, son frère se sépare, son aristocrate de mère le fait tourner en bourrique, sa grand-mère n'est plus très vaillante, sa cousine lui fait de l'œil ; il a du mal avec ses filles... Malgré cet environnement intime bancal, le novice en politique Jean est nommé ministre de la Famille...
La particule de son patronyme laisse supposer que l'auteur-interprète principal a pioché dans un décor, disons, familier : celui d'une lignée enracinée dans l'aristocratie ou la grande bourgeoisie, habituée aux parquets point de Hongrie des beaux quartiers parisiens, prenant ses quartiers de campagne dans quelque gentilhommière d'Île-de-France ; où l'usage veut que les enfants voussoient leurs parents. Un contexte où sa silhouette mi-guindée, mi-ébahie, évolue visiblement en pays de connaissance.
Si on ne peut dire qu'on n'a jamais vu de films avec des familles de bourges en crise — c'est même le fonds de commerce d'un certain cinéma français —, ce qui tranche ici, c'est « la pudeur des sentiments », pour reprendre Gainsbourg : les situations se résolvent davantage dans l'écoute et l'étreinte que dans l'hystérie collective, tout mucus sorti. Et la fin, d'une infinie tendresse, s'avère un modèle de douceur. Mais La Sainte Famille sonne aussi le glas de ce “monde ancien“, conscient de sa désuétude, qui anticipe sa dissolution en même temps que la disparition de ses aînées : le partage des biens familiaux, du vivant des aïeules et sous les yeux de la fantasque mère (formidable Marthe Keller), tient d'ailleurs lieu de liquidation symbolique.
Et puis il y a ce regard sur le monde politique recherchant dans du sang neuf dans la société civile ; ce cercle tournant tout seul et cependant en quête de visages vierges à afficher, davantage que d'idées innovantes pour changer les choses. Un brin désabusé, mais avec élégance.