De Hlynur Palmason (Isl.-Dan.-Sué., avec avert. 1h49) avec Ingvar Eggert Sigurðsson, Ída Mekkín Hlynsdóttir, Hilmir Snær Guðnason...
Ne parvenant pas faire le deuil de son épouse décédée dans un accident de voiture, un policier occupe son congé à enquêter en-dehors des règles sur l'infidélité de la défunte, découverte post mortem. Il s'enferre alors dans sa névrose et se ferme à sa famille. Et à sa petite-fille notamment...
Particulièrement distingué ces derniers mois dans un registre militant avec Woman at war ou Mjólk, le cinéma islandais ne dédaigne pas pour autant l'univers qui, en littérature, lui a permis de conquérir une aura internationale : le genre noir. Coiffé d'un titre pesant de toute l'ironie de son oxymore, Un jour si blanc en est la sombre démonstration, qui offre un adroit pendant audiovisuel à cette riche production romanesque.
Dès les premières images, Hlynur Pálmason fait de son film un manifeste temporel : par de longs plans traquant la durée ou, au contraire, en jouant la fixité d'une caméra sur un décor alors que défilent jours, nuits, saisons. Ce faisant, il crée une atmosphère épaisse à la mesure du sentiment d'isolement moral subi par son mutique héros — Ingvar Eggert Sigurðsson, un clone de Sam Shepard vu chez Baltasar Kormákur et Sólveig Anspach — ; une chape de silence, de calme apparent qui sont autant de prolégomènes au déchaînement d'un désespoir sourd et violent.
Si ce son film n'a certes rien d'un spot touristique, il capte cependant un je-ne-sais-quoi de la singularité insulaire islandaise, liée à sa météo, sa langue et son histoire. Rude et touchant à la fois.