Saint-Etienne - Février 1998 - Je me lève, dans une heure je dois être en cours à la fac. Un cours de droit constitutionnel, à côté une coloscopie passerait pour une feuille de rose. J'ai décidé de planter cette année-là de toutes les façons, je n'ai jamais redoublé, j'ai le droit à mon initiation sabbatique. Oui, j'aurais pu aller contempler le superbe monde, aider mon prochain dans des pays dans le besoin... je préfère faire des ardoises à l'Internaute et boire des bières très tôt le matin ! « Salut Juju, t'y vas toi ? » Il réfléchit et me propose plutôt une partie de baby. « Si je te latte la gueule, je vais en cours ! » Je m'applique comme jamais et vais même à la pêche en prenant bien soin de me niquer la main droite qui pisse désormais tout son sang. C'est notre Vietnam à nous le baby-foot. Julien m'accompagne donc dans cette beuverie matinale. Nous sommes vite rejoints par Pierre, les sœurs Alvarez, la Crampe, Willou et Monoburne. Les pichets de blankass' pleuvent comme à Gravelotte et ça ricane comme jamais. Déjà 11h57, je suis beurré comme un millefeuille et j'ai la dalle. Oh putain, oui j'ai la dalle ! Bernard du Road-Runner nous envoie son croque-madame avec du pain à l'ancienne et son torrent de frites. Les p'tites bourgeoises reviennent de l'amphi, les Marie, Patricia, Audrey, Géraldine...avec leur p'tit sac Longchamp et leurs bijoux Agatha. « C'est qu'on leur mettrait bien un bien un p'tit coup d'chevrotine aux soeurs Lequesnoy ! » balance Monoburne, seul devant sa partie de fléchettes. « Ça vous ennuie les princesses si on vous prend le cours de ce matin ? Vous savez moi je voulais y aller, surtout pour sentir vos parfums enivrants mais j'ai senti le Gros pétri de désespoir ! On laisse pas bébé dans un coin pas vrai ? » dit Julien avec un ton à la Rochefort. Les filles gloussent, Juju fait son petit pas américain... nous sommes les rois du camping. L'après-midi c'est cinoche au Royal et le soir apéro chez Marie (c'est normal on est jeudi, c'est la tradition étudiante !), on sort ensuite au Copacabana pour se déhancher sur Queen Of my Castle puis on se déplace rue Dormoy au Vera Cruz. Je fais la bagarre avec des étudiants en médecine, je perds un mocassin dans la bataille et ma carte bleue ne passe plus... « On peut pas se terminer comme ça, c'est trop con ! » dit Julien sur qui l'alcool semble ne faire aucun effet. Nous terminons logiquement au Bul, on claque son smack au Ness qui fait les whisky-coca les plus chers de la contrée. Sur la piste, des babos et des gothiques s'agitent sur La fille du coupeur de joints. Personne ne flattera de l'abricot ce soir ! On sort en titubant. Je suis près à dénoncer toute ma famille aux boches pour un kebab sauce blanche. Tout est fermé ! Miracle rue Sainte Catherine la boulangerie ouvre. Par ici la quiche aux champignons mon ami. Je ne parle plus, j'émets désormais des borborygmes, j'ai évidemment paumé ma veste, ce qui fait que je vais devoir réveiller toute la baraque pour me pieuter. Ma mère comprendra ce jour-là que j'emmerderai jamais les bancs de l'école d'avocats. Le lendemain, superbes croissants beurrés du Helder, menu Big Mac au MacDo de la place du Peuple, binouses au café des Jardins et à la brasserie Paulaner, le soir Mojitos aux 2 Cageots avec les anciens du gaz qui roulent des pelles aux élèves infirmières... Voilà c'était il y a 22 ans... nous serons bientôt Champions du Monde de foot mais nous ne le savons pas encore, ma grand-mère Manou est encore superbe, en vie, élégante, parfumée et fait le meilleur chevreuil grand veneur de toute la planète, je suis heureux et insouciant comme je ne le serai plus jamais mais ça non plus, je ne le sais pas encore !
Mercredi 8 janvier 2020 On nait, on hurle, là on nous met une claque sur l'fiandard ! Quoique c'est pas la partie la plus désagréable, y m'ont compris ? Bref, là on emmerde (...)