Drame / ★★★★☆ Un film de et avec Viggo Mortensen (É-U, 1h52) avec également Lance Henriksen, Terry Chen...
Octogénaire, Willis évolue dans un temps embrumé : les souvenirs de sa jeunesse se mêlent au présent. Quand son fils John lui suggère de venir auprès de lui en Californie, le vieil homme aussi rude que réactionnaire l'envoie paître sans égards, la démence aggravant sa désinhibition...
Pourquoi n'est-on pas étonné de voir avec Falling, premier film signé Viggo Mortensen, un récit intime entièrement tourné vers les autres ? Là où beaucoup fichent caméra ou stylo dans leur nombril pour “devenir auteur“, le comédien raconte à travers ses protagonistes la souffrance indicible de la perte de repères, du deuil, de l'homophobie, de la xénophobie, de la solitude, de la peur de mourir, de la “non conformité au modèle social“... Ça hurle, ça pleure, ça cause mal ; les personnages sont parfois incorrects, pas forcément aimables, mais au moins, ça vit et ça vibre dans les incertitudes du crépuscule, très loin des lumières isotropes des studios.
Permise par l'investissement d'un Lance Henriksen hypnotique, cette plongée dans une mémoire défaillante se double d'une écriture visuelle impressionniste ciselée par le montage et le recours à des séquences d'une nostalgie exaltant la nature — l'Éden perdu ? Profond.