Dossier : ciné / Une réouverture qui s'est faite attendre, de beaux films à l'affiche, une météo peu clémente qui pouvait leur permettre de remplir leurs salles... Et pourtant.
Dans les cinémas du territoire – comme de partout – les gérants des salles sont encore loin de l'euphorie. A Saint-Etienne, le directeur des cinémas Le Méliès, Paul-Marie Claret, suit ses chiffres au jour le jour, et se montre assez inquiet : « On a fait plutôt un très beau redémarrage... Et puis, l'instauration du pass sanitaire nous a très fortement impactés. La semaine où il a été mis en place, on a enregistré une baisse de 50% de notre fréquentation. Et cela se poursuit, puisque depuis 3 semaines, on est à -40%. »
Au Cin'étoiles de Sainte-Sigolène, le constat est à peu près le même. Associatif, géré uniquement par des bénévoles et mono-écran, l'établissement semble avoir également souffert de la mise en place du pass : « On sait, que parmi notre public habituel, certains ne viennent plus à cause de ça, explique Marie-Françoise Coste, la présidente de l'association. Au début, quelques-uns ont même essayé de nous convaincre de les laisser rentrer sans... Aujourd'hui, on n'est pas « inquiet » à proprement parlé mais on s'interroge néanmoins, sur la manière dont on pourrait attirer plus de spectateurs, et notamment les jeunes ».
Les films du milieu
Les jeunes... que des exploitants voient pourtant défiler par paquets dans leurs salles, preuve que la situation est finalement loin d'être homogène. Au Family de Saint-Just-Saint-Rambert, certains films ont même cartonné auprès de ce public : « Là où il y avait un risque que les plateformes détournent les jeunes gens des salles, chez nous, ce n'est pas le cas du tout, affirme la directrice Julie Coquard. Sur certains films, comme Dune, Demon Slayer, ou les films d'horreur de l'été, ils viennent à plusieurs, en groupe d'amis, donc je n'ai pas l'impression qu'ils désertent les salles. Globalement, on a fait un très bel été, alors, je reste très optimiste ».
Mais, si les sorties de certains gros films très attendus fédèrent inévitablement, c'est pour d'autres films, plus confidentiels, que les choses s'avèrent compliquées : « On a des difficultés avec nos films du milieu, qui sont les plus importants pour nous, poursuit Paul-Marie Claret. Avec L'Origine du Monde, on aurait dû faire entre 700 et 1200 entrées la semaine de sortie, idem avec le dernier Ozon... Et on ne fait que 300. Une partie de notre public n'est tout simplement pas revenue ».
Alors, pour voir de nouveau les files d'attente s'allonger devant leurs établissements, tous les exploitants misent aujourd'hui sur leur ingéniosité. Créer des événements autour des films, inciter les gens à venir pour un vrai moment... En bref : ne plus jamais se contenter d'ouvrir les portes et d'attendre que le public vienne : « On ne peut pas faire de miracle, mais depuis la réouverture, on travaille pour que tout doucement, les spectateurs reprennent l'habitude de venir, explique Lorêva Alavin, responsable du Ciné Pilat à Pélussin. On va créer encore plus d'animations, diversifier notre programmation, et communiquer pour montrer que l'on propose des choses ».