Toujours là, ces types en costards Paul Smith et pompes en cuir qui brille. Toujours là, ces poignées de mains viriles à qui serrera le plus fort. Toujours là, ces grandes décisions qu'ils prennent pour notre bien, comme si nous, on n'en savait rien, de ce qu'on veut pour demain. 2022 pourtant, les temps changent bel et bien, suffit pour s'en rendre compte de laisser traîner ses oreilles.
Occupé à décortiquer la pensée woke, préoccupé par les questions d'identité, de pluri-identité, de transidentité, s'interrogeant sans cesse quant à la place que chacun aurait le droit de prendre, « tu-te-mets-là-et-tu-bouges-plus », le débat public est comme souvent à la bourre sur son temps. Sauf qu'au même moment, la musique, elle, est une fois de plus pile à l'heure...
Le psyché des 60's et le mouvement hippie tout sexe tout love, le punk nihiliste de la fin des 70's, l'éclate hédoniste New Wave du début des 80's, le rap 90's conteur des vies des sans voix... Et maintenant : un courant qui n'a pas de nom. Parfois electro-pop, parfois electro-rock, parfois rap-chanson, parfois rap-electro-pop, souvent appelé « musique urbaine » même si ça ne veut rien dire...
Cette musique d'un genre nouveau, métissée, hybride, qui identifie le désenchantement de l'époque et invite à le combattre intérieurement par l'ouverture à l'Autre, ne se revendique pas. Et pourtant... Elle mais devient le symbole de ce qu'en réalité, les questions sont déjà tranchées. Peut-être, les types en costards resteront-ils là, à ressasser encore longtemps. Mais le monde a déjà changé : l'égalité entre les meufs, les mecs, les transgenres, les cisgenres, les Noirs, les Blancs, les Chicanos, les Arabes, les Asiat, les valides, les non-valides, les gros, les maigres, les chauves, les barbus sous le menton ou sous les bras, les homos, les hétéros, les bi, les queers, les intersexes, les asexuels et TOUS les autres creuse son sillon. Plus que jamais, ça s'entend, et c'est très bien comme ça.