A feu et à sang


Les immolations par le feu, sans mauvais jeu de mot constituent un sujet ô combien brûlant. La protestation contre un système, une société ou un gouvernement iniques se manifeste par le sacrifice de soi. Dans certains pays, il faut choquer au sens premier du terme pour être écouter par delà les frontières jusqu'en Occident même. Souvenez-vous, tout a commencé en Tunisie, en 2010, un marchand de légumes s'immole devant la préfecture de Sidi Bouzid. Viendra ensuite le Printemps arabe… Pour la jeunesse algérienne il faut mieux «affronter le feu plutôt que vivre en enfer». Le journaliste algérien Mustapha Benfodil a réalisé de nombreux reportages à ce sujet. Remarquable romancier et puissant dramaturge avec End/Igné il signe un texte très fort plein d'une poésie douloureuse. Le plateau de théâtre ici prend vraiment toute sa raison d'être : révéler au grand public les malaises tout en divertissant. Le metteur en scène Kheireddine Lardjam, manie très bien la langue de Benfodil avec qui il a travaillé conjointement. Ils nous racontent, à nous occidentaux, mais ils ont joué aussi le spectacle en Algérie, ce qu'on ne veut pas toujours voir et analyser. Azzedine Benamara porte seul, courageusement et vaillamment, sur scène cette parole d'indigné. Il est Moussa, un laveur de morts, qui un jour doit s'occuper de la dépouille de son meilleur qui s'est immolé. Nous allons voyager avec lui dans les méandres de l'incompréhension, de la colère, de la tristesse et même aussi d'un certain espoir. FB
End/Igné, du 8 au 10 décembre à 20h, à l'Usine (Comédie de Saint-Etienne)


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