Piston décomplexé !

Fragile intermède dans le déchaînement des passions européennes, la Belle Époque est un marqueur-temps hors du temps. Temps des cerises mûres et de l'archétype proustien Madame Verdurin : reconstitution musicale d'un salon de la Belle-Époque par un «pro» du piston (trompette et cornet) et un «pro» du piano. Alain Koenig


Audacieux pari lancé par Eric Beaufocher, merveilleux pianiste, et Didier Martin, trompettiste vertueux et virtuose, tous deux solistes de l'Ensemble Orchestral Contemporain : recréer un salon de musique de la Belle-Époque à travers le prisme d'un répertoire boudé par les «spécialistes de l'air du temps» et de la torsion nasale... Une fois encore, c'est l'olfaction sans faille du programmateur des Sérénades du dimanche, Hervé Cligniez, qui a su flairer l'idée de génie ! Ambiance madeleine trempée dans la verveine (pas forcément la tisane!), les deux compères feront revivre les fleurons du répertoire pour trompette de salon (cornet ou bugle à l'occasion) et piano, émaillant les démonstrations musicales de saynètes biographiques ou historiques. Didier Martin explique : «le système du pistonnage, invention décisive, ouvrit la voie à des répertoires jusque là inaccessibles. Né de cette évolution et adopté par Berlioz, le cornet à piston, instrument véloce et chatoyant, trouva rapidement sa place parmi le répertoire dit «de salon». Sous l'impulsion du maître Jean-Baptiste Arban, il fut le précurseur du développement spectaculaire de la trompette.»

Quelle belle époque !

Le duo de choc donnera la parole à des compositeurs injustement négligés pas l'histoire, comme Philippe Gaubert, immense chef d'orchestre, Directeur de la Musique à l'Opéra de Paris, et dont le Cantabile et Scherzetto pour cornet à pistons et piano devrait ravir l'auditoire. Il sera rendu hommage également à Guillaume Balay, nommé en 1911 à la tête de la Musique de la Garde Républicaine, virtuose du cornet à pistons, ou Gabriel Parès, qui fut son prédécesseur à ce poste... Un hommage sera également rendu à Théo Charlier, sommité mondiale de la trompette, de nationalité belge, auteur de 36 études transcendantes pour la trompette chromatique en si bémol, et qui donna à l'instrument ses lettres de noblesse. Enfin, Eric Beaufocher transportera son clavier dans la sensuelle Almeria, extraite d'Iberia d'Albeniz, puis s'envolera vers le Paris d'Erik Satie. La diva de l'Empire et Je te veux, chansons créées par Paulette Darty lors de la revue «Dévidons la bobine», devraient conquérir le public. Qui a dit que l'Époque était morose ? Alain Koenig

Souvenirs de salon de la Belle-Époque, jeudi 1er décembre à 18h30, Hôtel du département de la Loire à Saint-Étienne


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Se fendre la pipe, en musique