De Paul Schrader (ÉU, 1h39) avec Lindsay Lohan, James Deen...
Lorsque Bret Easton Ellis annonça avec force twitts provocateurs la mise en chantier de The Canyons avec l'acteur porno James Deen et la wild girl Lindsay Lohan, le tout devant la caméra de Paul Schrader et financé par le crowdfunding, l'excitation était à son comble. Depuis sa sortie aux États-Unis, le film se traîne une vilaine réputation de nanar, seulement soutenu par quelques oukases de la critique hexagonale.
On ne démentira pas la rumeur : Ellis a accouché d'un vaudeville contemporain qui n'a que son décor d'exotique — le milieu du cinéma hollywoodien — et dont le côté sulfureux est tué dans l'œuf par la monotonie des séquences — en gros, ça papote dans de beaux fauteuils design, dans des restaurants chics ou des villas de luxe et, de temps en temps, ça baise façon porno soft... La mise en scène est à l'avenant, tentant d'intégrer un sous-texte aussi prétentieux qu'abscons sur la mort du cinéma en filmant des salles à l'abandon...
Schrader, le cinéaste le plus inégal de la terre, est ici proche de son niveau zéro — juste au-dessus de son pitoyable prequel à L'Exorciste refusé par le studio — le film le touchant dans ses rares montées de suspense, à hurler de rire tant elles sont ringardes. Et au spectacle d'une Lindsay Lohan en voie de «Mickeyrourkisation», on préfèrera celui de James Deen, sans doute la meilleure incarnation des créatures amorales, perverses et hautaines qui hantent depuis toujours l'univers d'Ellis...
Christophe Chabert