Après avoir rôdé son imparable “human électro techno ethnique“ sur moult scènes, Djemdi sort son premier album, +&+, le 21 juin. Entretien avec Kéké, membre de ce combo atypique mêlant djembé, didgeridoo et sonorités éclectiques en tout genre.Propos recueillis par FC
Petit bulletin : Comment s'est élaboré le son si particulier de Djemdi ?
Kéké : C'est un projet qui s'est lancé par hasard. À la base, je suis graphiste, je bosse pour des groupes comme Sinsémilia ou Root'Secours – et dans Djemdi, on retrouve deux anciens membres de ce dernier groupe, Flop's et Baptiste. On gravitait autour de Space Music, il y avait une fille là-bas qui avait vécu en Australie, elle savait que je faisais du didgeridoo. Elle a fait une expo photo, on a fait trois morceaux pour l'occasion, et ça s'est enchaîné.
Comment tu es rentré en contact avec cet instrument ?
Par hasard, à Barcelone... C'est assez spécifique comme pratique, si tu commences à y prendre goût, ça peut devenir une drogue, ça implique des vecteurs physiques dans la respiration qui font que c'est plus qu'un instrument.
Ça peut provoquer la transe chez l'auditeur, mais chez l'interprète c'est encore autre chose...
Il est arrivé qu'on fasse des concerts non stop de trois heures, où à la limite, plus tu joues si tu tiens physiquement (au niveau des muscles, s'entend), et plus à l'intérieur t'es surexcité à cause de l'oxygénation. Quand tu maîtrises, tu respires bien et donc t'es à bloc.
Et puis il y a l'émulation, le côté bœuf très poussé de vos performances qui en rajoute une couche...
On travaille sur des principes de basse / percus, avec des systèmes d'appel. On reste ouverts en permanence. Le seul souci qu'on peut avoir en concert, c'est de savoir qu'on n'a que 45 minutes de set. Ça veut dire qu'en répétitions, on prévoit dix minutes de moins – en fonction du répondant, de l'envie du moment, il faut toujours de l'élastique. Mais on a souvent la chance d'être programmé en fins de soirées...
L'album semble avoir été très théorisé, avec son titre mystérieux, ses noms de morceaux abstraits... Mais musicalement, ça reste totalement libre d'interprétation.
Ce qui nous interpelle le plus, ce sont les retours qu'on a, et le type de personnes qui nous en font. On touche beaucoup de jeunes gens, des ados, mais il y a aussi des personnes d'un certain âge, de 60 à 70 ans, qui voient notre travail comme une musique très méditative. On en est les premiers surpris !
Pour être franc, à l'écoute des premiers morceaux, il me manquait le côté visuel, le fait de voir des musiciens littéralement investis par le son. Et puis au fil des pistes, je n'ai pas pu m'empêcher de taper du pied, alors que ce n'est pas du tout ma tasse de thé musicale...
Beaucoup de gens nous font cette réflexion, “je n'aime pas cette musique en principe“. Et ça, c'est très bon, on vient nous relater des sensations qu'on n'aurait du mal à expliquer, d'autant qu'en fonction de là où on joue, le son n'est pas forcément le même. À l'étranger, on verse dans de la world music occidentalisée, en France on fait un son hybride électro ethnique... Sur la route, quelqu'un nous a dit qu'on était “plus hardcore que les groupes hardcore“... Mais peu importe la labellisation, nous, on se fait toujours plaisir.
Djemdi
Album : “+&+“, sortie le 21 juin, vernissage de l'album ven 20 juin à 19h, à la Bobine