Théâtre / La saison du directeur du Centre Dramatique National des Alpes Jacques Osinski suit un axe bien particulier. Sa Trilogie de l'errance, avec la reprise de son Woyzeck et les créations de Dehors devant la porte de Wolfgang Borchert et Un fils de notre temps d'Odon Von Orvath, ont pour figures centrales des désaxés de la société, des victimes pour le moins exacerbées des errances guerrières du siècle dernier. Sa création prévue en février, Le Grenier, se base sur un texte touffu abordant le phénomène des Hikikomori, ces reclus volontaires nippons fuyant le monde des hommes. Jacques Osinski a donc choisi de nous enfermer dans les névroses de témoins paroxystiques de nos errances, nous pousse à regarder en face les tourments d'hommes rejetés, s'ébattant dans la marge avec toute l'énergie du désespoir. Et pour ce faire, le metteur en scène choisit de se mettre aussi en marge, et opte pour une épure particulièrement brute. Reprenant pour Dehors devant la porte le décor de son Woyzeck, Osinski dématérialise l'Allemagne de l'après Seconde Guerre Mondiale pour en souligner la vacuité comme pour conférer à sa dramatique une portée universelle, quasi abstraite. Il nous jette en pâture l'infortuné Beckmann, revenu au pays après avoir passé trois ans prisonnier dans un camp sibérien, et qui ne rencontrera que des portes closes, l'oubli de l'horreur, les manipulations, les trahisons en tout genre. Le spectacle de cette descente aux enfers sera rugueux, sec, dénué d'espoir, et le spectateur terrassé.
FC
Dehors devant la porte
Jusqu'au samedi 17 octobre, à la Salle de Création de la MC2