Il y a plusieurs façons de tirer sa référence lorsqu'on est mis à la porte. On peut, par exemple, jouer la carte du contre-pied frondeur, façon de signifier à ceux qui vous ont viré qu'ils ont fait une belle connerie. On peut aussi continuer sa route comme si de rien n'était, en restant fidèle à son univers, quitte à donner raison à ses contempteurs. C'est cette deuxième voie qu'a choisie le metteur en scène Jacques Osinski, directeur jusqu'au 31 décembre 2013 du Centre dramatique national des Alpes. Un CDNA qui a disparu depuis, sur décision des différentes tutelles, et dont les missions seront avalées par la MC2 (mais c'est encore flou).
Pour sa dernière pièce à domicile (oui, même si le 31 décembre est passé, la MC2 a quand même tenu ses engagements de programmation décidés avant la fusion), Jacques Osinski renoue avec le dramaturge de langue allemande Ödön von Horváth qu'il affectionne tant (il a déjà monté plusieurs de ses textes). Son Don Juan revient de guerre reste alors dans la lignée de ses précédentes créations : même scénographie froide, même héros en retrait, même tempo très lent. Un jusqu'au-boutisme de deux heures qui ne nous réconciliera donc pas avec son travail, même si on reconnaît une certaine tenue au spectacle. C'est déjà ça.
Aurélien Martinez
Don Juan revient de guerre, jusqu'au samedi 1er février à la MC2