Retour. Il est 20h30 au clocher de l'église. Dans la salle les gens poétisent. Un homme va sortir des coulisses. Comme chaque soir le public l'attend, il lui sourit. Il faudrait qu'il chante à tout prix... Ce qu'il fera, bien que ce ne soit pas son monde. Car la scène, Christophe l'a commencée il y a seulement sept ans, avec la tournée accompagnant son précédent album (un live en a découlé). « C'est quelque chose de complètement étranger pour moi. J'ai fait le choix de la commencer en 2002, à cette période de ma vie. »
Le concert, grandiose, sera scindé en deux : d'abord les nouvelles chansons d'Aimer ce que nous sommes, pour une entrée en matière adéquate. Le public frémit, en reconnaît quelques-unes. Les musiciens qui accompagnent Christophe lui laissent la vedette. Puis « pause clope » pour l'artiste – et une partie du public ! Un quart d'heure. Retour dans la salle, pour – il faut bien l'admettre – ce que tout le monde attendait (consciemment ou inconsciemment) : les tubes.
Là, le beau bizarre (du nom d'un de ses albums paru en 1978) est au paroxysme de son art : novateur (ces airs fédérateurs ont été réarrangés pour la scène), fragile et poétique. Le point culminant de ce show généreux étant atteint lors du final sur Les Mots bleus. L'artiste, lâchant les musiciens (libres alors de se faire plaisir sur l'instru entêtante), finira devant la scène, pour saluer ses spectateurs arrivant petit à petit des quatre coins de la salle afin d'obtenir un autographe, ou simplement le toucher. Limite christique.
« Quand le public est présent dès le début, c'est gagné pour la soirée, et personne ne peut décevoir personne » nous dira-t-il, ravi de ce concert « exceptionnel » (même si on a trouvé à redire sur le son, de qualité inégal selon les morceaux). Dire qu'on espère retrouver la même fièvre à Voiron serait un euphémisme.