Sans naphtaline

Sans naphtaline

Les spectateurs sont placés en face à face, sous une lumière blanche. Au milieu des gradins, une scène étroite avec une dizaine de chaises en formica et trois tables juxtaposées. Il est question de la Révolution française. Danton vient d'être exécuté. Et le spectacle pourrait alors être un exposé historique sur la Terreur. Or, dans cet espace exigu, il n'y a pas de place pour la naphtaline. Nous sommes en 1793, le collectif D'ores et déjà recrée le Comité de salut public qui ressemble à une réunion d'avant manifestation d'un syndicat étudiants. Mais sous leur barbe de trois jours et leurs pantalons trop courts, ce sont en fait Collot, Saint-Just, Barère et quelques autres qui entourent le frêle (corporellement) et inflexible (idéologiquement) Robespierre.

La première heure de spectacle est une sidérante et souvent hilarante discussion sur l'avenir de la France et les petites affaires personnelles de chacun. Les votes à main levée pour décider de la réforme de la justice ou du prix du grain s'enchaînent entre deux remarques sur le goût de la brioche qu'ils se partagent. La troupe de comédiens de Sylvain Creuzevault démystifie les personnages historiques en n'ôtant rien à leur rôle dans une époque charnière, grâce notamment au texte écrit au plateau à l'aide de documents d'époque. L'équilibre est parfaitement établi entre ce que ces jeunes gens ont vécu et ce que l'histoire a figé d'eux. Les thèmes majeurs de la démocratie sont abordés, la justice est déjà stigmatisée comme étant à deux vitesses, l'un des membres du comité rêve tout haut du concept de collectivisation... Avec Notre terreur, il est aussi (et surtout ?) question pour la troupe de croire en son art. Creuzevault et sa bande font confiance au théâtre, en sa capacité à faire grandir le spectateur. Très fort. Nadja Pobel

NOTRE TERREUR
Du mardi 29 mars au vendredi 1er avril, à la MC2 (Salle de Création).

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Lundi 24 novembre 2014 Porter sur scène "Le Capital", l'une des œuvres les plus importantes de la pensée économique, pouvait s'apparenter à une gageure. Mais entre les mains du collectif de Sylvain Creuzevault, les idées de Karl Marx servent de bases solides à un...
Lundi 16 juin 2014 Dévoilement des différentes saisons des théâtres de Grenoble et de l’agglo, épisode 3. Avec un article consacré uniquement à la MC2, ce mastodonte à la programmation riche et variée.
Jeudi 28 novembre 2013 "Le Crocodile trompeur" est une relecture du "Didon et Énée" de Purcell mixant les codes de l’opéra et du théâtre. Une création drôle, inventive et réjouissante défendue par une équipe artistique qui, mine de rien, insuffle un grand vent d’air frais...
Mardi 3 septembre 2013 C’est du théâtre. Mais aussi un opéra. C’est du théâtre-opéra ? Sans doute, même si le genre, finalement, on s’en balance. Il faut simplement retenir que ce (...)
Vendredi 16 décembre 2011 L’award du meilleur spectacle de l’année… voire plus : Notre terreur  Car oui, des créations comme celle du collectif parisien D’ores et déjà, découvert (...)
Vendredi 11 mars 2011 En deux spectacles, tous deux programmés à la MC2, le collectif D’ores et déjà a imposé son nom et sa patte dans le monde très codifié du théâtre. Avec une vision décomplexée de cet art on ne peut plus vivant entre leurs mains. Aurélien Martinez
Mercredi 9 mars 2011 Tout commence par une scène qui sent le déjà vu ; un repas de noces, celles de Lise et Léo. Dès les premières minutes, le spectateur sent qu’il n’était pas convié à (...)
Mercredi 5 janvier 2011 À quoi ça tient ? Qu'est-ce qui fait qu’un spectacle relatant trois mois de la Révolution Française, avec aucun grand nom à l'affiche et aucun décor, fasse (...)

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X