On a réussi à coincer les musiciens de Cheveu à la Route du Rock, à une heure avancée de la nuit, tandis que la Bretagne se noyait sous des trombes d'eau. Voici le résultat. Propos recueillis par François Cau
Vous dites composer tous les trois à parts égales, sans question d'ego... mais ça n'existe pas dans le rock'n'roll, comment vous faites ?
David Lemoine : Faut dire qu'on se bourre pas mal la gueule...
Olivier Demeaux : Oui. Mais c'est vraiment comme ça que ça se passe, on ne réfléchit pas trop en amont, on joue ensemble et on essaie de voir ce qui en sort.
DL : Vu que ce n'est pas non plus un groupe avec une esthétique hyper définie, ça permet de tester, on peut rigoler en essayant un morceau hip hop ou des trucs plus crades, ça ne pose aucun problème. On ne se prend pas très au sérieux, et c'est ça paradoxalement qui fait que ça a un intérêt. On est très potes, ça joue aussi.
Ça m'étonne parce que sur 1000, la voix est vraiment calée, très intriquée à la construction du morceau...
La voix arrive après. Ils commencent à faire des morceaux, à trouver un riff, des boîtes à rythmes qui vont bien, des lignes de basse, des petits arrangements de clavier et tout, et souvent j'arrive un peu tard, voire très très tard – bon, c'est un sujet de débat, parce que je mets un certain temps à écrire des paroles, on fait pas mal de versions. Là, on a essayé de faire quelque chose de moins arraché, de plus suivre les lignes mélodiques. On a fait pas mal de doublages de voix aussi, ce qui fait que la voix a peut-être plus de corps que sur le premier.
Sur un morceau comme Like a deer in the headlight, c'est vraiment flagrant...
DL : C'est un plus vieux morceau, qu'on avait sorti sur un 45 tours. En plus, on l'avait bouclé hyper rapidement, donc il tranche avec les autres morceaux de 1000. Quand on a trop de temps, on se ment à nous-mêmes en se disant que ça va, que c'est notre façon de travailler, et ça fait qu'on peut passer deux trois ans sur un album. Mais on arrive à créer des choses marrantes aussi...
Sur cet album, vous avez eu l'opportunité d'enregistrer avec des cordes, qu'est-ce que ça a changé dans votre façon de travailler ?
Etienne Nicolas : Pas grand-chose, en fait c'est arrivé après qu'on ait déjà enregistré. Ce n'était pas prévu à la base, on a fait nos morceaux tels qu'on les imaginait et quand cette occasion s'est présentée, on a réfléchi aux titres sur lesquels on pouvait coller des cordes. Ça donne une espèce de vie étonnante aux morceaux...
Pour avoir interviewé Olivier Babinet et Fred Kihn, les réalisateurs de Robert Mitchum est mort (dont Cheveu participe à la bande originale, NdlR), j'ai l'impression que vos façons de travailler se ressemblent quand même beaucoup...
OD : C'est vrai qu'ils écrivaient leur film au jour le jour... On a fait pas mal d'interviews avec eux, parce que la sortie du film coïncidait avec celle de notre album, et on s'est rendus compte qu'on partageait effectivement cette façon de faire. On ne sait pas trop où on va mais on y va.
Comment vous transposez votre univers musical sur scène ?
OD : Ça s'est arrangé. On a beaucoup tourné sans ingé son, avec une formule un peu bancale, et c'était vraiment la loterie. Il y a eu des concerts abominables. Et là, on a un ingé son et c'est un peu mieux géré, un peu plus au cordeau. Mais on veut toujours que ça bourrine, donc on reste au taquet.
DL : On veut détruire les morceaux, les faire vivre. C'est très vivant, comme concerts.
Et après 1000...
DL : 2000 ! Non, en fait on va directement passer à 3000.
EN : On va essayer d'aller à la campagne pour écrire de nouveaux morceaux. On n'a pas vraiment foutu grand-chose depuis la sortie du disque.
OD : On a beaucoup tourné, les seuls moments off, on se reposait.
EN : On n'a pas trop d'idée sur la direction que ça va prendre, peut-être un son un peu moins dégueulasse, mais on se dit ça à chaque fois...
Cheveu + Pneu
Mercredi 5 octobre à 20h30, à la Bobine.