Depuis la création en 2000 de sa compagnie Le Théâtre de Romette, Johanny Bert développe un langage théâtral qui lui est propre, avec la forme marionnettique comme outil de travail central. « Au départ, l'idée était de chercher ce que pouvait apporter à l'acteur ou à la dramaturgie un instrument de jeu qui peut être une prothèse, une parole déléguée... J'ai commencé par des créations où le langage était uniquement dans l'image, il n'y avait pas de mots. J'avais besoin de chercher d'abord du côté de l'écriture visuel. Et ensuite, j'ai passé des commandes à des auteurs pour travailler avec eux sur un univers [comme sur Histoires Post-it, découvert à Grenoble en 2010 – NdlR]. Puis, petit à petit, je me suis intéressé au répertoire : il y a eu Brecht, Gombrowicz, Martin Sperr... Et maintenant Müller. »
Cette saison, on a déjà pu découvrir deux de ses spectacles à la Rampe d'Échirolles : l'opéra Hansel et Gretel, et la proposition chorégraphique Krafff. Deux réussites parmi d'autres, qui le placent du côté de ceux qui utilisent la scène pour procurer des émotions au public, en l'embarquant ailleurs, avec finesse, le temps d'une représentation. « Avoir du plaisir et le communiquer aux spectateurs, c'est quand même génial. » Une façon de faire qui lui a permis de rapidement se faire un nom, jusqu'à devenir en janvier dernier directeur d'un des très institutionnels Centres dramatiques nationaux – celui de Montluçon.
« J'ai été nommé à trente ans, mais le temps que j'arrive au CDN, j'en avais trente-et-un. J'ai conscience de la chance que j'ai. » Une nomination qui installe son approche, tout en lui laissant la liberté et le confort de la remise en question. « Il n'y a pas de directeurs de Centre dramatique qui font de la marionnette pour adultes. Il n'y avait que le TJP à Strasbourg, mais pour enfants. Là, le projet est d'identifier de nouvelles écritures scéniques, avec notamment la forme marionnettique. »