On a tendance à l'oublier mais il y a plus de 15 ans de cela, avec l'album Boire, le Breton Miossec a quelque peu révolutionné la chanson française en la débarrassant de ses oripeaux variétés, en en désossant les codes et en y ajoutant ce qu'il faut de poigne rock. Comme la poupée de Polnareff mais un verre à la main, Miossec à tout répondait Non, non, non, (je ne suis plus saoul). Est-ce parce qu'il trouvait que son œuvre s'était quelque peu mise à ronronner ces dernières années que Miossec a écrit Chansons ordinaires, comme une prise de conscience qui vaudrait thérapie ? Un album dont tous les titres commencent par «chanson» (Chanson pour les Amis, Chanson protestataire, Chanson que personne n'écoute, etc.), un album de chansons donc mais sur lequel Miossec a plaqué le paradoxe d'une production plus rock'n'roll que jamais. Car jusque-là, même dans ses périodes les plus énervées, le Brestois n'avait jamais sonné aussi lourd, tonné aussi fort, façon whisky sec, s'offrant à 47 ans, une période grunge. Un objet étrange qui a le mérite de secouer le cocotier sur le sol breton et qu'il nous tarde de (re)voir transposé sur scène.
SD
Miossec, le vendredi à 17h