C'est l'histoire désormais classique, mais dont on ne se lassera jamais, du bluesman américain qui se lance en quête des sources du blues comme David Livingstone chercha celles du Zambèze. Et qui, remontant toujours un peu plus loin, finit en Afrique, là où tout a commencé et où tout continue. Déjà exilé en Europe, le New-Yorkais Eric Bibb a rencontré au Mali Habib Koité. Pas à proprement parler l'archétype du bluesman africain tel qu'on l'imagine, d'Ali Farka Touré à Tinariwen : plutôt un chanteur, un conteur, l'héritier d'une famille de griots – ces porteurs de la tradition orale dont le statut ne se transmet que par le sang. Qui plus est un musicien qui a depuis longtemps internationalisé sa musique (on y retrouve notamment des traces de flamenco). Ensemble, les deux musiciens ont enregistré Brothers in Bamako, un album minimaliste, petite merveille de douceur sur lequel très rapidement, on ne sait plus qui du bluesman ou du griot est venu à la rencontre de l'autre. Qui a remonté le fleuve et qui l'a descendu. SD
Eric Bibb et Habib Koité – « Brothers in Bamako », le Mercredi 27 mars au Centre Culturel Jean-Jacques Rousseau (Seyssinet-Pariset)