Quoi de plus revitalisant pour un genre musical que de se mêler à ses racines ? C'est ce qu'Eric Bibb offre au blues en compagnie de Habib Koité, griot malien qui vient insuffler le sourire à la mélancolie de la musique noire-africaine par excellence. Une rencontre, un album, une tournée : quoi de plus enthousiasmant pour le public ? Laetitia Giry
Cela fait déjà plus de dix ans que les deux sieurs se sont rencontrés : Eric Bibb, bluesman américain aux innombrables albums, et Habib Koité, griot malien hyperactif musicalement. Immédiatement, ils jouent ensemble et se découvrent « une superbe compatibilité musicale », dixit Eric Bibb dans une vidéo postée sur le site de son camarade. Tout de suite, l'envie de monter un projet commun les titille...
Mais ils prennent le temps, et l'album Brothers in Bamko voit le jour en 2012. L'enregistrement se déroule au Mali et constitue une expérience spirituelle particulière pour le bluesman : « c'était mon premier voyage dans l'Afrique de l'ouest, un grand moment pour moi en tant que Noir-américain, j'ai senti comme une sorte de retour après plusieurs centaines d'années ». L'idée d'un album mélangeant leurs deux identités sans être guidé plus par l'une ou par l'autre semble aussi juste qu'appropriée car, comme il le dit très bien, « le blues est un enfant du nouveau monde. Ce n'est pas de la musique européenne, mais pas non plus de la musique africaine, c'est la combinaison de l'expérience de vivre en Amérique depuis plusieurs centaines années, tout en retenant des qualités de la musique africaine. »
Je suis ton frère
De fait, l'album est un petit bijou de douceur et d'entente, un heureux mélange de voix et de guitares dont la parenté ne fait pas de doute, mais dont les différences nourrissent un son original. La mélancolie bluesy y est apaisée par des pluies d'arpèges réconfortantes, décorée d'une joie audible et d'une légèreté dans les paroles tout aussi consolante. L'équivalent de la lumière du soleil au crépuscule : éclatante et mordorée. De ballades sautillantes et chaloupées chantées en anglais (On my way to Bamako) à des morceaux interprétés par Habib Koité dans sa langue maternelle (Khafolé), la diversité est partout sans jamais encombrer la voie de la complicité. Le titre le plus engageant et significatif étant peut-être ce We don't care, chanté à deux, plein d'une fantaisie trémoussante entrelacée à un mystère propre au blues... Édifiant et revigorant. Laetitia Giry
Eric Bibb & Habib Koité
mercredi 27 mars à 20h30 au Centre culturel Jean-Jacques Rousseau (Seyssinet-Pariset)