Hautement générique et purement fonctionnelle, la musique de David Guetta, en concert son & lumière ce vendredi au Stade des Alpes, a cependant joué un rôle non négligeable sur le grand échiquier de la musique populaire des années 2000.Damien Grimbert
S'il est devenu avec les années le symbole ultime d'une dance music aseptisée (et par conséquent le catalyseur d'une haine farouche chez la plupart des passionnés de musique, tous styles confondus), David Guetta a pendant un court laps de temps bénéficié d'une crédibilité artistique à peu près honorable.
De 1984 à 1994, passionné de hip-hop et d'acid-house, il officie en temps que DJ résident dans différents clubs de la capitale, sort des singles avec Sidney (Nation Rap, en 1990) et la légende house de Chicago Robert Owens (Up & Away en 1994), et se permet d'inviter plusieurs pointures américaines comme Little Louie Vega, David Morales, DJ Pierre ou Roger Sanchez.
Très vite, pourtant, jet-set et fashion vont prendre le pas sur la musique, tandis que David et sa compagne Cathy gravissent un à un les échelons de la célébrité parisienne. Sortis en 2002 et 2004, ses deux premiers albums annoncent ouvertement la couleur : une house fade et délavée flirtant avec la variété qui va permettre à son auteur de s'imposer en France, mais ne suscite qu'une indifférence polie à l'étranger.
La ruée vers l'Ouest
C'est la période 2006-2008 qui va tout changer pour Guetta : deux tubes internationaux (Love Don't Let Me Go (Walking Away) et Love Is Gone), une première partie de Madonna... Mais surtout une ouverture grandissante des États-Unis aux musiques électroniques, qui s'infiltrent progressivement dans les charts pop et hip-hop et commencent à attirer un auditoire croissant.
L'heure du « crossover » est arrivée : David Guetta va se précipiter dessus en jouant la carte de la collaboration à outrance. De 2009 à 2011, il travaille ainsi avec les jeunes loups de la dutch house (Laidback Luke, Afrojack...), les Suédois de la Swedish House Mafia, et les plus grosses stars hip-hop et R'n'B, de Black Eyed Peas à Kelly Rowland et Akon, en passant par Taio Cruz, Ludacris, Usher, Nicki Minaj, Rihanna et Chris Brown.
Si sa musique ne gagne pas vraiment en qualité au passage, elle devient en revanche complètement dans l'air du temps : rebaptisée EDM (pour Electronic Dance Music), la culture rave est en effet devenu un véritable phénomène de société aux États-Unis, générant une frénésie démesurée auprès des moins de 30 ans. En en proposant une variation consensuelle et facilement commercialisable, David Guetta acquiert du même coup le statut de star internationale, célébrée à travers le monde entier. Un véritable cas d'école pour un « artiste » dont la principale qualité est avant tout d'avoir su se placer au bon endroit... au bon moment.