Après Johnny Hallyday en 2009, David Guetta en 2013. Et ensuite, quoi de prévu au stade ? On a rencontré son tout nouveau directeur pour le savoir. Aurélien Martinez
Lundi 24 juin à 11h, l'ensemble de la presse grenobloise était convié au Stade des Alpes par le groupe Carilis ; celui-là même qui, en novembre dernier, obtenait la délégation de service public de la part de la Métro (la communauté d'agglomération) pour gérer l'équipement. Le but de ce petit raout ? Rencontrer David Joly, directeur général des lieux depuis le 3 juin. Un trentenaire venu de Paris où il travaillait chez SFR (notamment au programme SFR Jeunes Talents, censé promouvoir les artistes musicaux émergents). Un CV qui semble bel et bien confirmer le nouvel axe de développement du stade, qui ne se limitera pas seulement au sport.
Après avoir présenté les 6 500 m2 d'espaces réceptifs (un futur resto, une salle de fitness, des salons en veux-tu en voilà...), David Joly répond à des questions sur le fonctionnement même de la structure. « Le stade appartient à la Métro, mais tout ce qui va se passer à l'intérieur sera insufflé par le groupe Carilis. » C'est justement cette partie-là qui nous intéresse, notamment les manifestations culturelles. « Pour l'année prochaine, on a des événements grande jauge de prévus. On va être obligé de tabler sur du grand public pour attirer le maximum de personnes. En parallèle, on va aussi utiliser le stade avec d'autres types de jauges, comme celle de 1000 places [dans le virage nord ouest – ndlr], où l'on peut mettre une petite scène pour une programmation plus pointue. » De beaux projets, mais pas encore de noms à nous donner, des tractations étant en cours. On sait simplement que l'année prochaine, on retrouvera dans le stade le Snowboard Garden Festival, avec un volet live.
« Un bon choix »
De toute façon, l'actu immédiate du stade, c'est David Guetta. Pourquoi lui ? « On voulait proposer un concert grande jauge pour relancer ce type d'événement » – pour mémoire, le dernier gros concert dans le stade a eu lieu en 2009 avec Johnny Hallyday. Soit. Sauf que l'image de David Guetta est ce qu'elle est, source de conflits permanents, tant artistiques qu'idéologiques (le cachet de la star, que David Joly refuse de communiquer, se compterait avec cinq zéros, ce qui choque très justement). Et la récente polémique marseillaise (une subvention de 400 000 euros accordée par la mairie, que Guetta a finalement refusée au vu du tollé provoqué) n'est pas là pour calmer la situation, bien au contraire.
« Notre parti pris était d'avoir une personne entre guillemets jeune, qui puisse déplacer un nombre important de spectateurs [le stade peut en accueillir 28 000 – ndlr]. En France, il y a peu d'artistes qui en soient capables. Le choix était donc restreint, et compte tenu des contraintes de tournées des différents artistes concernés, on a convergé sur Guetta avec RPO [producteur et organisateur de spectacles en région Rhône-Alpes – ndlr]. Je pense que c'était un bon choix, et finalement, ça a l'air de marcher puisque l'on va atteindre la barre des 20 000 personnes pour le concert, ce qui est pour nous une excellente nouvelle. »
Quant au parallèle avec la situation marseillaise, David Joly le refuse : « David Guetta est une coproduction 100% privée entre RPO et Carilis, dont les risques sont assumés pleinement par RPO et Carilis ». Certes, il existe bien deux subventions versées par la Métro à Carilis, mais elles sont annuelles (donc non liées à un événement en particulier), et ont deux motifs : le fait qu'il n'y ait plus d'équipe résidente au stade (1, 1 millions d'euros, sauf si le GF38 revient sur le devant de la scène!), et que la Métro veuille soutenir le démarrage de l'activité de l'entreprise (800 000 euros par an durant la phase de démarrage – jusqu'en 2015 ; 650 000 euros par an durant la phase de consolidation – jusqu'en juin 2018 ; et 450 000 euros par an en phase de dynamisation – jusqu'en 2020). En retour, dès que le seuil des 100 000 euros de bénéfices sera dépassé (ce qui n'est pas au programme tout de suite dixit David Joly, qui table sur des premières années de déficit), Carilis reversera de l'argent à la Métro.
« Discutons ! »
Mais Carilis se retrouve aussi embarqué dans une problématique plus vaste, avec de nombreuses associations qui sont récemment montées au créneau pour dénoncer les difficultés qu'elles rencontrent quotidiennement dans l'organisation d'événements, avec notamment le cas de l'Ampérage qui ne peut plus les accueillir après une heure du matin (la préfecture s'étant manifestée auprès de la salle grenobloise pour bien lui spécifier que les cinq heures du matin, fallait arrêter). Un mécontentement qui s'est cristallisé autour de l'onéreux cas Guetta (il y aura même une parade organisée le 28 juin contre la venue du DJ à Grenoble), et qui le dépasse amplement.
David Joly : « De ce que j'en comprends, à Grenoble, il y a un souci de lieu, que ce soit pour des horaires tardifs ou pour une capacité d'accueil. J'invite du coup tous ces acteurs de la vie culturelle grenobloise à venir au stade que l'on discute et que l'on étudie la possibilité de travailler ensemble, que ça soit dans les tribunes, dans les lieux réceptifs, sous la verrière... » Avec bien sûr un fonctionnement et des coûts financiers différents, Carilis étant une entreprise privée et non une association. Car comme l'a répété plusieurs fois David Joly pendant la conférence de presse, le but est avant tout d'avoir « un lieu qui devienne rentable ».